La période qui vient de s'écouler a été un ralentisseur en tout : le secteur associatif lui-même a été impacté. Si les jeunes déjà engagés dans une organisation se sont montrés d'un dynamisme incroyable afin d'aider la population à lutter contre la pandémie, très peu de nouvelles associations ont vu le jour : le moment n'était effectivement pas propice entre confinement, craintes, difficultés financières, peur pour la famille, etc. Aujourd'hui je constate sur le terrain une véritable renaissance de la volonté d'engagement, de l'envie d'agir : une nouvelle vague de création d'associations émerge. Je remarque d'ailleurs une véritable inflexion dans les choix : les jeunes qui choisissent de se structurer, de se regrouper dans une organisation associative le font de façon plus ciblée, ils se «spécialisent» plus dans un domaine, qu'ils pratiquent et maîtrisent et souhaitent partager. Ils se retrouvent tout d'abord autour d'un projet et se rendent compte que pour le faire aboutir il faut commencer par se structurer, puis ils mettent tout en œuvre pour cette activité et c'est après qu'ils s'ouvrent à d'autres actions, d'autres buts, les domaines dominants qui les motivent sont : la culture, le sport, la solidarité, l'humanitaire et le social. Ils se mobilisent à l'échelle de leur quartier, de leur commune, de leur école, de leur douar dans un souci de proximité et aussi d'efficacité. Je voudrais vous citer deux exemples significatifs : La naissance des Mog'AthleticLeaders à Essaouira, dénicheurs de jeunes talents -notamment sportifs- qui dans un premier temps s'en vont dénicher les jeunes doués pour un sport, ''cachés'' au fond des quartiers populaires de leur ville. Leurs objectifs : les repérer, leur donner confiance en eux, les coacher lorsque cela est dans leurs compétences et les mettre en relation avec les bonnes filières. Une sorte de parrainage ! À partir de cette opération leur volonté est d'organiser régulièrement des événements à la dimension de leur ville, sportifs bien évidemment, mais pas seulement puisque le civisme, la sensibilisation au respect du matériel mis à leur disposition, l'accès à la culture sont également à leur programme. Ils viennent de se lancer et ont déjà entrepris la rénovation du terrain de basket hélas mis à mal par les jeunes utilisateurs eux-mêmes. Le deuxième exemple concerne les jeunes d'Agadir, la Fête de la musique a été l'occasion pour un groupe de jeunes rappeurs de se mettre en scène : les FriesCity. De là est née une nouvelle aventure qui les amène aujourd'hui, avec l'aide d'un jeune -véritable figure de la ville- Kamal Bettar, à créer leur propre association. Ils en sont aux prémices, et d'autres jeunes associatifs tels Otmane Mazzine, président de Mogajeunes à Essaouira, et Moussa Laarif de HipHop Family à Rabat, se sont mis en relation avec eux pour les accompagner. 7madad, Eddine, Walid, Mohamed...vous êtes au début d'une belle aventure, il vous faudra patience, volonté, endurance mais au bout du chemin c'est votre avenir lui-même – et celui des jeunes que vous toucherez – qui peut s'en trouver changé, alors allez-y, croyez-y, d'autant plus que vous pouvez compter sur l'appui de la municipalité, informée de votre désir d'engagement. J'ai choisi ces deux exemples car je les connais personnellement et que je me suis impliqué à leurs côtés en tant que président de Marocains Pluriels, mais je peux vous assurer que c'est toute une vague qui se lève et apporte une nouvelle façon de s'engager. J'espère aussi que cette chronique pourra contribuer à donner l'envie à d'autres jeunes dans d'autres villes de suivre leur exemple et à d'autres adultes le désir de les aider. Autre phénomène dont je vous parlerai dans une prochaine tribune, cette tendance de nombreuses associations de jeunes, de différentes villes, de mettre en commun leur savoir-faire, leurs moyens, leurs réseaux de connaissance... Prometteur !