La situation des caisses de retraite est au-devant de la scène syndicale. Sa gestion pose énormément de problèmes en termes de transparence et de visibilité. Mardi dernier, lors de l'ouverture des travaux du colloque sur la retraite tenu à Rabat, le Premier ministre, Driss Jettou, a affirmé que 2004 sera l'année de concrétisation des chantiers de l'assurance-maladie obligatoire (AMO) et de la réforme des régimes de retraite, aussi bien au niveau de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) qu ‘en ce qui concerne la Caisse marocaine de retraite (CMR). Interrogé sur leurs positions à l'égard de ces propos, les deux dirigeants de la FDT (Fédération démocratique du travail), Taeib Mounchid, secrétaire général et son adjoint, Houcine Kafouni, ont tenu à mettre l'accent sur l'état des lieux de ces caisses, le montants des dettes que doit payer l'Etat et la visibilité devant prévaloir dans toute démarche concernant ce secteur. En principe, déclare M.Mounchid, la tenue de ce colloque revêt un caractère positif que l'on ne peut qu'applaudir. Mais toujours est-il qu'un événement de ce genre n'est pas censé apporter des solutions dans les courts termes ; surtout sachant que la durée des prélèvements couvre une période de trois ans. M. Kafouni ajoute, de son côté, que la présence massive de la direction de la FDT a pour objectif principal de jeter la lumière sur l'état des lieux des caisses de retraites. Quel est le montant des dettes que doit verser l'Etat ? A qui incombe la responsabilité des déficits déclarés et comment compte-t-on remédier à ces problèmes ? Autant de questions qui hantent les esprits des syndicalistes et qui ne trouvent pas encore des réponses satisfaisantes. Certes, reprend le secrétaire général de la centrale précitée, l'Etat assume la plus importante part de responsabilité, étant donné qu'il gère ces caisses. Aussi, d'autres facteurs doivent être pris en compte. Et d'ajouter en guise d'éclaircissement, que le nombre des retraités augmente annuellement de 7% alors que celui des travailleurs actifs ne l'est qu'à 2,6%. Un fait qui pourrait se répercuter négativement sur l'équilibre entre les recettes et les dépenses des caisses de retraite. Alors que le Premier ministre rappelle que les pouvoirs publics ont entamé depuis plusieurs années une série d'études sur les différents régimes de retraite, M. Kafouni estime que ce dont l'Etat a besoin, c'est d'une étude approfondie qui tient compte de la situation globale des différentes caisses et qui pourrait indiquer la stratégie à adopter dans le long terme. Mais, force est de constater qu'à l'heure actuelle, la visibilité fait défaut. D'où les contradictions qui caractérisent le discours gouvernemental. Personne ne saurait annoncer, déclare le secrétaire général de la FDT, si les dettes de l'Etat sont de l'ordre de 30 ou 32 milliards de dirhams ou de 5 à 16 milliards de dirhams. Or, avant de s'engager à rembourser ses dettes, il faudrait au préalable savoir combien il faudrait payer. Pour remédier à cette situation, les syndicalistes précités appellent à la libération de la gestion des caisses de la mainmise de l'Etat et de toute tutelle. Pour avoir un véritable tableau de bord, il faudrait mettre en place un organisme auquel participent les représentants des différentes parties concernées ( administrations, directions, travailleurs, employés et retraités). La gestion démocratique est une démarche incontournable pour le règlement des problèmes de cette caisse.