La chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca a condamné un père de famille à trois années de réclusion criminelle. Abdellah, 43 ans, père de trois enfants, est accusé d'abus sexuels sur un garçon de 9 ans. «Je n'arrive toujours pas à croire que celui qui est au banc des accusés est mon époux », lâche, un peu nerveuse, cette femme en djellaba beige dans le hall de la Cour d'appel de Casablanca. Elle est encore sous le choc de ce que son époux a commis après une dizaine d'années de vie commune. Bien qu'il ait nié, devant la Cour, avoir abusé d'un garçon de neuf ans qui a porté plainte contre lui, son épouse n'a pas pu le croire. Car, il a déjà tout avoué devant la police judiciaire. Le procès-verbal de ses déclarations l'atteste et le prouve. Sinon, personne ne l'a obligé à avouer un acte qu'il n'a jamais commis. En plus, quel intérêt a le garçon de le dénoncer à la police ? Il s'appelle Abdellah, âgé de quarante-trois ans, père de trois enfants, journalier de son état. Il jouit, selon les propos de sa femme, d'une bonne réputation et tous les habitants de son quartier le respectent. Idem pour ses voisins, les membres de sa famille et ses collègues qui ne contestent guère sa bonne conduite. Mais quelle mouche l'a piqué pour qu'il soit mouillé dans une affaire d'attentat à la pudeur sur un mineur de moins de quinze ans ? Le dossier de l'affaire révèle que depuis son enfance, Abdellah avait un attrait pour les enfants. Toutefois, personne n'était au courant de son penchant pervers et il faisait tout son possible pour que cela reste un secret rien que pour lui. Et ses victimes, qu'il payait, ne le dénonçaient pas. À la Cour d'appel de Casablanca, Abdellah considère son accusation comme un coup monté contre lui. Appelé à la barre, le jeune garçon a révélé plus de détails dans cette affaire. « J'étais à la rue en train de bavarder avec des copains. Je ne le connaissais pas et pourtant il a avancé vers moi. Il m'a demandé si je suis le fils d'Abderrahmane. J'ai dit oui avant de m'inviter à l'accompagner pour me donner une somme d'argent que mon père lui aurait prêtée. En rentrant dans une maison située au Hay Mohammedi, il a fermé la porte et il m'a obligé à se dévêtir. Il a abusé de moi sans pitié », a-t-il précisé à la Cour. Abdellah rejette en bloc ses accusations. « Je n'ai jamais abusé de personne M. le président…Je suis père de famille honnête et honorable», affirme-t-il devant la Cour. Qui a raison et qui a tort? Pour en avoir le coeur net, la Cour a convoqué deux locataires qui louent des chambres dans la maison indiquée par le garçon. Ils ont attesté avoir rencontré à maintes reprises Abdellah en compagnie de garçons. Ils ne savent pas s'il est marié ou pas, mais ils le croisaient de temps en temps dans le hall de la maison. Ces témoignages l'ont obligé à se taire. Personne de sa famille ne savait qu'il louait une chambre loin de leurs yeux. « Les accusations consignées dans le procès-verbal sont infondées », a précisé son avocat. à la Cour. Il a ajouté que le mis en cause n'a jamais connu la victime, ni croisé son chemin. Au contraire, le représentant du ministère public, qui avait pris la parole, a noté que la victime n'a aucun intérêt pour accuser gratuitement le prévenu. « La victime ne s'est même pas constituée partie civile pour bénéficier de dommages», explique le représentant du ministère public. Après les délibérations, la Cour a condamné Abdellah à trois ans de réclusion criminelle. Ne voulant pas croire à la culpabilité de son mari encore moins à sa perversité sexuelle, l'épouse est tombée en syncope.