Le FMI exhorte la zone MENA à augmenter le «loyer de l'argent» face à l'inflation «Dans les pays où les anticipations d'inflation risquent de se renforcer ou les tensions sur les prix de se généraliser, il faut relever les taux directeurs». Relèvera, relèvera pas ? C'est la question que se pose aujourd'hui le FMI (Fonds monétaire mondial) concernant le taux directeur. L'institution de Bretton Woods exporte les pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) à suivre ce chemin face aux tensions inflationnistes liées à la situation géopolitique et la conjoncture économique actuelle. Si les économistes du FMI ne s'adressent pas à un pays en particulier dans la région MENA où se trouve bien évidemment le Maroc, leur appel vient quelques semaines seulement avant le deuxième conseil d'administration de Bank Al-Maghrib de l'année. Dans les détails, Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international, vient de signer ce qui ressemble à une tribune en compagnie de Jeta Menkulasi et Rodrigo Garcia-Verdu, tous les deux des économistes principaux dans le département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, décrivant la situation actuelle dans la région et explorant les pistes de solutions. «Les arbitrages à court terme sont devenus de plus en plus complexes pour les pays importateurs de pétrole au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. La maîtrise de l'inflation est une des principales priorités, malgré la fragilité des reprises. Dans les pays où les anticipations d'inflation risquent de se renforcer ou les tensions sur les prix de se généraliser, il faut relever les taux directeurs. Une communication claire et transparente sera essentielle pour guider les marchés», affirment les trois responsables du FMI. Cas du Maroc Pourtant, l'hypothèse d'une hausse du taux directeur au Maroc reste assez faible quoi que possible à très court terme. En effet, le Maroc est l'un des pays dans la région MENA et dans le monde ayant réussi à contenir la hausse de l'inflation à des niveaux très maîtrisés. C'est ce qui ressort de la récente intervention de Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès du ministre de l'économie et des finances, chargé du budget. Selon la même source, le taux d'inflation au Maroc a atteint 4% jusqu'en mars de cette année, contre 8% aux Etats-Unis d'Amérique, 6,1% dans la zone euro et 7,2% en Tunisie en mars 2022. «Cela signifie que le Maroc a pu limiter cette tendance à la hausse de l'inflation au niveau le plus bas possible, soit 4%, par rapport aux autres pays avec un grand potentiel économique ou des pays appartenant à la même région géographique. Bien sûr, ce résultat n'est pas le fruit du hasard, mais plutôt d'une politique volontariste forte et des décisions difficiles qui nécessitaient des calculs minutieux. Nous avons dû trouver un équilibre entre un gros effort financier pour soutenir les matières premières et les filières touchées, tout en maintenant l'effort de développement découlant d'une vision royale globale avec des dimensions stratégiques en plus des engagements du gouvernement dans le cadre du modèle de développement», avait-il expliqué. Une performance qui a poussé l'agence de notation internationale Fitch à maintenir la note de la dette souveraine du Maroc sans oublier les encouragements du FMI pour la gestion adoptée par le Maroc. Reste à connaître la décision finale de BAM concernant le taux directeur. Rendez-vous en juin prochain avec un Conseil qui sera suivi jusqu'à l'institution de Bretton Woods à Washington. Bonne note du Dans le sillage de la guerre russo-ukrainienne et son impact sur la région, Jihad Azour, directeur Afrique du Nord et Moyen-Orient et Asie centrale au sein du Fonds monétaire international, avait estimé que, relativement immunisé contre les chocs, la situation du Maroc est «meilleure» par rapport à d'autres pays de son entourage, car, selon lui, le Royaume «a réussi, malgré la sécheresse importante qui a frappé le pays cette année, à gérer l'épidémie en mettant en place des canaux de soutien efficaces». Pour ce faire, il a concentré ses aides sur un certain nombre de secteurs et de groupes, comme le soutien au transport de marchandises ou à certaines catégories sociales avec des transferts directs d'argent, fait valoir M. Azour, ajoutant que «cela a permis d'absorber une partie du choc en ciblant davantage l'assistance de l'Etat».