Les prix des denrées alimentaires ont représenté environ 60 % de la poussée de l'inflation globale mesurée l'an dernier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, hors pays du Conseil de coopération du Golfe, fait observer l'institution financière basée à Washington. Le renchérissement des prix des produits de base sous l'effet de la guerre en Ukraine aura des répercussions économiques notables dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA), a indiqué mardi le Fonds monétaire international (FMI). « La guerre en Ukraine et les sanctions qui l'accompagnent ont entraîné une envolée des cours des produits de base qui aggravera les difficultés déjà rencontrées par les pays de la région MENA, en particulier les importateurs de pétrole », peut-on lire dans un blog corédigé par le directeur du département MENA et Asie centrale du FMI, Jihad Azour, et les économistes principaux au sein du même département, Jeta Menkulasi et Rodrigo Garcia-Verdu. Le trio d'experts de l'institution de Bretton Woods rappelle qu'après le pic à 130 dollars le baril qui a suivi le début de la guerre en Ukraine, les cours devraient avoisiner 107 dollars en moyenne en 2022, contre 38 dollars en 2021, selon la dernière édition des Perspectives de l'économie mondiale parue en avril. De même, les prix des denrées alimentaires devraient augmenter d'encore 14 % en 2022, après avoir atteint des sommets historiques en 2021. « Cette flambée des prix intervient à un moment très critique pour la reprise dans la région », soulignent les auteurs du blog, notant que le FMI a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour les pays importateurs de pétrole de la région MENA, "car le renchérissement des produits de base aggrave les difficultés liées à l'augmentation de l'inflation et de la dette, au resserrement des conditions de financement mondiales, aux progrès inégaux de la vaccination et, dans certains pays, aux facteurs de fragilité sous-jacents et à des conflits. » Les prix des denrées alimentaires ont représenté environ 60 % de la poussée de l'inflation globale mesurée l'an dernier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, hors pays du Conseil de coopération du Golfe, fait observer l'institution financière basée à Washington. Le FMI table ainsi sur une inflation se maintenant à un niveau élevé dans la région en 2022, à 13,9 %, soit une hausse notable par rapport à ses prévisions d'octobre. « Il n'y a là rien de surprenant sachant que de nombreuses économies de la région sont largement tributaires des arrivées de produits alimentaires étrangers (environ un cinquième du total des importations) et que l'alimentation pèse lourd dans les paniers de consommation (plus d'un tiers en moyenne), voire plus encore dans le cas des pays à faible revenu », explique-t-on. La guerre a également ravivé les craintes relatives à l'insécurité alimentaire, compte tenu de la dépendance de la région aux importations de blé en provenance de Russie et d'Ukraine et de la hausse des prix, qui rend les denrées encore moins abordables pour la population. La situation des pays fragiles ou touchés par un conflit est particulièrement préoccupante, car leurs réserves stratégiques couvrent moins de 2,5 mois de consommation intérieure nette, préviennent les experts du FMI. « Le renchérissement des produits de base aura aussi des répercussions considérablement négatives sur les comptes extérieurs des pays importateurs de pétrole », avertissent-t-il. « Nous prévoyons que les soldes extérieurs de ces pays diminueront en moyenne de 1 point de PIB », relèvent les auteurs du blog. Pour surmonter le double choc de la hausse des prix du pétrole et des produits alimentaires, les experts du FMI estiment que dans les pays où les anticipations d'inflation risquent de se renforcer ou les tensions sur les prix de se généraliser, il faut relever les taux directeurs. « Une communication claire et transparente sera essentielle pour guider les marchés », souligne-t-on. Selon le FMI, ces difficultés soulignent à quel point il importe de poursuivre les réformes structurelles, qui aideront les pays à encaisser les futurs chocs macroéconomiques et à accélérer la reprise. « Les mesures qui favorisent l'efficience des dépenses publiques et du recouvrement des recettes, y compris grâce à la transformation numérique, promeuvent l'activité du secteur privé et renforcent les dispositifs de protection sociale seront autant de priorités importantes », affirment les économistes du FMI.