Abderrahmane, père de trois enfants, a été arrêté par la police judiciaire de Sidi Kacem. Il est accusé d'avoir abusé de sa fille Hasna, âgée de 11 ans. Naïma est sous le choc. Elle n'en croit pas ses yeux. Sans bouger d'un iota, elle reste immobile au seuil de la porte de la chambre à coucher. Elle ne sait ni quoi faire ni quoi dire. Crier ou hurler ? Le violenter ou le tuer? Elle les fixe par ses regards perçants et reste immobile quelques secondes à sa place sans prononcer le moindre mot. Les secondes passent. Naïma ne sait pas à quel saint se vouer. Et elle s'est effondrée. Elle avait perdu conscience. Elle ne savait pas ce que l'on avait fait d'elle ensuite, mais elle s'était réveillée dans sa chambre, entourée par ses trois enfants. Elle regarde le premier, puis le second et enfin elle fixe Hasna qui pleure à flot. Ses deux frères échangent les regards sans savoir ce qui s'est passé. Pourquoi leur mère a perdu conscience? Pourquoi leur sœur, âgée de onze ans, sanglote-t-elle ? Ils cherchent vainement la réponse. Il ne leur reste qu'un seul refuge : leur père qui fume une cigarette à l'entrée du quartier. Avait-il remarqué quelque chose avant sa sortie de la maison? Les deux frères s'apprêtent à sortir pour le chercher. Seulement leur mère les a empêchés. Ils obéissent à leur mère. Deux heures plus tard, le père, Abderrahmane, rentre chez lui. Il jette un regard sur sa femme et ses trois enfants. Il ne leur adresse aucun mot. Il s'assied dans un coin de la maison et commence à fumer. Sa femme, Naïma, ne lui adresse plus la parole. Ses trois enfants s'échangent les regards. Un moment plus tard, le père sort pour quelques minutes puis rentre chez lui. La mère est en proie à l'angoisse. Elle a été témoin du viol de sa fille. Une scène morbide ! Elle a surpris son mari en train d'abuser de sa fille Hasna. « Ça fait douze jours maman qu'il me fait ça », affirme la petite fille, les yeux pleins de larmes. « Pourquoi ? », demande Naïma à son mari. La réalité la dépasse. Le lendemain 29 septembre, Naïma conduit Hasna à l'hôpital central de Sidi Kacem. Deux médecins l'auscultent. Ils lui ont fourni un certificat médical attestant que la fille a perdu sa virginité depuis une dizaine de jours et présente des traces de violences dans sa partie intime. Alerté, le procureur du Roi donne ses instructions pour diligenter une enquête. Les éléments de la police judiciaire de Sidi Kacem prennent l'affaire en main. L'audition de la fille mineure met en cause le père. «C'est lui qui m'a violée», avoue-t-elle. Ivre et drogué, il est rentré cet après-midi du 28 septembre chez lui. Seule sa fille Hasna était à la maison. Il rentre dans la chambre à coucher. Il l'appelle, la tient par la main, la saisit entre ses bras pour commencer à l'embrasser. Quand il s'apprête à la dénuder, elle tente de fuir. Abderrahmane la violente au point qu'elle lui obtempère ensuite. Il la viole sans pitié. Pire encore, il la déflore et la menace ensuite de meurtre si elle divulgue le secret à quelqu'un. Quand l'épouse et les deux enfants sont sortis, le père a tenté d'abuser de sa fille encore une fois. Seulement, la mère le surprend en flagrant délit. Arrêté, le père a reconnu avoir abusé de sa fille. « J'étais sous l'effet de la drogue», avoue-t-il aux enquêteurs. Depuis le 1er octobre, Abderrahmane est en prison en attendant l'examen de son dossier par la chambre criminelle près la Cour d'appel de Kénitra.