Les autorités marocaines se font de sérieux soucis à propos de la pandémie de la grippe aviaire. Le virus est à nos portes. Un dispositif se met en place et la solution passerait par une suspension des importations de volailles depuis l'Espagne. Le Maroc est, plus que jamais, concerné par l'effrayante actualité de la pandémie de grippe aviaire dont les victimes humaines approchent déjà la centaine dans plusieurs pays du monde. La grippe aviaire tape à nos portes. La France est concernée, tout comme l'Espagne et l'Italie, entre autres pays d'Europe Occidentale. C'est ce qui suscite de sérieuses inquiétudes au Maroc et pousse le gouvernement à accélérer la mise en place d'un plan de riposte comme nous le précise une source au ministère de la Santé. Selon une source gouvernementale, le Premier ministre présidera, dans les prochains jours, une réunion du comité interministériel mis en place depuis plusieurs années et comprenant plusieurs départements, services et corps de sécurité. Le ministre des Affaires islamiques est également impliqué vu que Omra et pèlerinage pourraient être source d'inquiétudes. A ce plan de riposte, activé en cas d'éventuelles contaminations, on apporte aujourd'hui les dernières retouches avant de le soumettre à l'appréciation de Driss Jettou. Ce plan comprend deux volets. Le premier, plus important, s'intéresse aux modalités de riposte en cas d'éventuelles contaminations d'êtres humains avec possibilité de mise en quarantaine. Le deuxième volet concerne les animaux contaminés. Ce plan de riposte n'aura pas pris trop d'efforts pour en définir besoins et contours. Une source du ministère de la Santé indique que le dispositif déjà mis en place auparavant pour faire face à d'éventuels cas du virus responsable du SRAS peut être d'un grand secours si besoin en est. Il s'agit des laboratoires qui avaient été équipés à cette occasion, mais aussi des quantités de masques acquis et des structures hospitalières nécessaires pour isoler d'éventuelles personnes contaminées. Plus que cela, le Maroc a déjà présenté une demande d'acquisition des vaccins nécessaires et ce depuis avril dernier. Car, les stocks n'étant pas toujours disponibles, les pays doivent faire une sorte de réservation des mois à l'avance. Ces demandes sont faites sur la base d'une estimation des populations vulnérables, autrement dit celles qui pourraient être contaminées si la pandémie arrivait à atteindre tel ou tel autre pays. Au Maroc, nous confie une source médicale, la population vulnérable retenue par les autorités est de 5 millions de personnes, soit près du sixième de la population globale du Royaume. Selon une source gouvernementale, le financement de ce plan, acquisition de vaccins incluse, nécessitera une enveloppe de 900 millions DH et le Premier ministre aurait déjà donné son aval pour débloquer les fonds. Le vaccin en question, fabriqué par une célèbre firme pharmaceutique, serait sans grand effet à un certain stade de la contamination. Des chercheurs norvégiens seraient en train d'expérimenter d'autres vaccins plus efficaces et agissant sur une longue période. Les inquiétudes pour le Maroc proviennent aussi du fait que le Royaume importe ses « poulets reproducteurs » essentiellement d'Espagne, mais aussi de France. Pour les professionnels du secteur, ils affirment que le risque ne saurait être ignoré. Il existe, mais il est minime, disent-ils. Par souci de plus de précautions, ne serait-il pas plus approprié de suspendre ces importations d'Espagne (même momentanément) et voir plutôt du côté de pays jusque-là à l'abri de la grippe aviaire, en Amérique centrale et au Canada, par exemple ? Le Maroc importe près de 2,5 millions de poussins par an pour une production locale estimée à 230 millions. Le comité interministériel qui a planché sur la préparation du plan de riposte anti-grippe aviaire est composé du ministère de la Santé, du ministère de l'Intérieur, celui de l'Agriculture, mais aussi les services sanitaires des Forces armées royales et Royal Air Maroc (RAM). Les deux mots d'ordre sont réduire les risques de contamination et organiser la prise en charge d'éventuelles personnes infectées selon les normes internationales admises dans ce genre de situations. La grippe aviaire, apparue pour la première fois en 1997 à Hong Kong, a touché, selon des bilans provisoires, plus de 110 personnes et causé la mort de plus de 60 autres. L'OMS convoque, pour la deuxième semaine de novembre prochain, une grande conférence internationale pour coordonner les efforts entre pays pour faire face à cette pandémie.