La diplomatie nucléaire du nouveau gouvernement du président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad est de plus en plus critiquée y compris en Iran. À un moment où les Occidentaux font pression pour que le dossier nucléaire iranien soit soumis au Conseil de sécurité des Nations Unies, de plus en plus de voix se lèvent pour critiquer la diplomatie du gouvernement de l'ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad. L'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, un des plus hauts personnages du régime iranien, a récemment déclaré que le dossier devait être traité avec plus de délicatesse. Rafsandjani a estimé que la question nucléaire n'est pas un terrain pour lancer des slogans, c'est la place de la diplomatie et des négociations. «Il faut mener une action diplomatique importante, sage et logique et agir avec patience et retenue sans donner de prétextes à l'ennemi», a-t-il déclaré lors de la prière de vendredi de Téhéran. Des voix se sont élevées également pour mettre en garde contre un isolement international de l'Iran et ses conséquences, y compris sur le plan économique. Mardi, les députés modérés, minoritaires, ont accusé les responsables nucléaires de ne pas tenir compte des intérêts nationaux dans leurs déclarations. Dans une lettre, ils ont mis en garde le gouvernement à propos de la "situation sensible du pays" notamment "la chute libre des valeurs à la Bourse de Téhéran et la stagnation des activités économiques" au cours des derniers mois à la suite de la crise nucléaire. «Malheureusement, la première décision du gouvernement a été de changer l'équipe de négociateurs, se privant ainsi (...) de la confiance créée avec les Européens lors des négociations,» a déclaré lundi le député modéré Hassan Afarideh dans un discours au Parlement. «Certains responsables et négociateurs ne cessent d'utiliser une terminologie agressive (notamment) la menace et l'intimidation. Il est évident que dans le monde d'aujourd'hui et avec un tel langage, étranger à la diplomatie, on ne peut pas s'attendre à des résultats dans les négociations diplomatiques», a-t-il ajouté. Ces derniers jours, l'Iran a menacé de reprendre l'enrichissement de l'uranium et de cesser l'application du protocole additionnel au Traité de non-prolifération (TNP), qui permet des inspections surprise de ses installations nucléaires, si son dossier était envoyé au Conseil de sécurité. L'Iran a aussi menacé son ennemi juré : les Etats-Unis. Lundi, le dirigeant iranien chargé du dossier nucléaire, Ali Larijani, a affirmé que l'Iran utilisera « toutes ses capacités » pour mettre en danger les intérêts américains, si les Etats-Unis font davantage pression sur l'Iran à propos du dossier nucléaire. Il a ajouté que si les Américains décident de faire pression sur l'Iran et d'aller au-delà des pactes et règlements, indéniablement l'Iran réexaminera son adhésion au TNP. L'ancien vice-ministre des Affaires étrangères Mohsen Aminzadeh, fidèle de l'ancien président réformateur Mohammad Khatami, a affirmé, pour sa part, que la résolution de l'AIEA est lourde de conséquence et il y aura de nombreux problèmes pour notre politique étrangère. Il a ajouté que les efforts des anciens négociateurs pour que l'Iran ne soit ramené au rang d'accusé avaient été ruinés. «La résolution est le plus grand échec de notre diplomatie depuis l'affaire Mikonos, qui avait vu l'Iran condamné en 1997 par un tribunal allemand pour l'assassinat de quatre opposants kurdes iraniens à Berlin en 1992», a-t-il ajouté. Le procès Mikonos avait accentué l'isolement de l'Iran et tous les ambassadeurs européens avaient quitté Téhéran.