L'ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad a remporté la présidentielle iranienne, une victoire qui risque de modifier la face de l'Iran et ses relations avec l'Occident. Le maire ultra-conservateur de Téhéran Mahmoud Ahmadinejad a remporté une victoire écrasante au second tour de la 9e élection présidentielle iranienne. Selon les résultats définitifs, Mahmoud Ahmadinejad a recueilli 61,6% des voix à l'issue de la présidentielle la plus imprévisible sous la République islamique. Cette victoire a été qualifiée même par ses proches d'immense séisme au sein de la scène politique iranienne. «Je suis très fier que les gens m'aient témoigné leur gentillesse et leur confiance. Au-dessus de cela, il y a l'honneur de rendre service, que ce soit comme maire, comme président ou comme balayeur des rues», a déclaré le nouveau président après l'annonce des résultats. Le camp de M.Rafsandjani a, quant à lui, dénoncé "d'énormes irrégularités". Le chef de campagne de l'ancien président, Gholamhossein Karbaschi a affirmé que plusieurs des observateurs détachés par M.Rafsandjani dans les bureaux de vote ont été arrêtés, certains auraient été battus. Après le premier tour, les adversaires de M.Ahmadinejad ont évoqué des bourrages d'urnes, des achats de voix, des pressions sur les électeurs et la mobilisation en sa faveur de l'armée idéologique et de la milice islamiste. Ils ont aussi accusé les organes les plus conservateurs, dont le Conseil des gardiens, clé de voûte du régime, d'avoir pris fait et cause pour le maire de Téhéran. Avec cette élection, les conservateurs ont la main sur tous les leviers du pouvoir, une perspective inquiétante pour les Occidentaux. Au lieu de la modération prônée par M.Rafsandjani, la République islamique risque de s'engager sur la voie de la radicalisation. En effet, Mahmoud Ahmadinejad prêche un strict respect des valeurs islamiques. Cet ancien des forces spéciales de l'armée idéologique prône aussi l'intransigeance envers les Occidentaux au moment où ceux-ci essaient d'obtenir des Iraniens la garantie qu'ils ne fabriquent pas l'arme nucléaire. Le nouveau président iranien a fait en sorte que sa première sortie médiatique soit digne d'un ultra-conservateur anti-américain. Il a ainsi affirmé que les Iraniens avaient "mis échec et mat" leurs ennemis, appellation commune des Etats-Unis. «Dans l'âpre guerre psychologique en cours, l'Iran a mis échec et mat tous ses ennemis par sa large participation», a-t-il déclaré à la télévision publique. «Il a aussi déjoué toutes les équations imaginées contre lui dans le monde», a ajouté l'ex-maire de Téhéran. Concernant le dossier du nucléaire, M.Ahmadinejad qui a promis la fermeté envers les Occidentaux, avait auparavant accusé les négociateurs iraniens de "faire marche arrière de 500 km". Conscients du danger que représente M.Ahmadinejad pour leurs intérêts, les Etats-Unis ont contesté la légitimité du scrutin. De leur côté, les Européens ont répété attendre que Téhéran fournisse les garanties qu'elle ne fabrique pas l'arme nucléaire. Israël qui se sent encore plus menacé que jamais par l'Iran a tiré la sonnette d'alarme. D'après le numéro deux du cabinet israélien, Shimon Peres, l'élection de Mahmoud Ahmadinejad risque provoquer de "graves problèmes" à la communauté internationale. «La conclusion de ce scrutin, c'est qu'il y a (en Iran) une combinaison dangereuse d'extrémisme religieux, d'armes non conventionnelles et d'isolement international qui va continuer et provoquer de graves problèmes», a affirmé M.Peres dans un communiqué publié dimanche. Shimon Peres n'était pas le seul à réagir. Un analyste israélien Gerald Steinberg, a déclaré qu'Israël doit s'inquiéter encore davantage des ambitions nucléaires de l'Iran. Car l'élection de Ahmadinejad montre les limites des possibilités des Européens et des Américains de parvenir à un accord négocié dans ce domaine. Les journaux israéliens ont relayé ces craintes. "L'exécuteur a été élu en Iran ", a ainsi titré le Yédiot Aharonot, principal quotidien israélien. Il a rappelé que le président élu a jadis fait partie des pelotons d'exécution de prisonniers politiques à Téhéran, et s'est prononcé pour la ségrégation entre les femmes et les hommes dans les restaurants municipaux.