La redevance de 23,4 dirhams qui frappe les colis postaux est au centre des préoccupations de la jeune association des acteurs de la messagerie privée. Ces fonds sont destinés, explique la Poste, au financement du service universel. Polémique. Lancée il y a quelques semaines, l'Association des professionnels de la messagerie veut s'attaquer à un problème qu'elle juge primordial: la redevance de 23, 4 dirhams que la poste (Barid Al-Maghrib) perçoit sur tout colis émis ou reçu au Maroc. Des ponctions injustifiées selon Fayçal Smaili, secrétaire général de l'association L'ASCEM: «l'un des buts de notre structure c'est de clarifier nos relations, en tant qu'intégrateurs du transport international, avec Barid Al-Maghrib ». Selon M. Ismaili qui, du reste est président du Fedex Maroc, cette ponction ne correspond à aucun service et constitue une «hérésie» pour un pays signataire des accords de l'OMC. La libéralisation du secteur de la messagerie internationale suivie à partir de 1998 de l'arrivée au Maroc de Fedex, UPS et d'autres petits courtiers n'a rien changé aux règles de la redevance. Aux yeux des acteurs de la messagerie, Barid Al-Maghrib doit se limiter à une mission régalienne. «Cette masse d'argent de plusieurs millions de dirhams peut être consacrée à la formation professionnelle, indispensable dans une activité basée sur la ressource humaine ». Les critiques des acteurs de la messagerie ne s'arrêtent pas là. La relation liant l'opérateur historique et Chronopost, filiale de la poste française est mise en doute. Sur quelle base Chronopost Maroc exercerait ses activités dans les locaux de Barid Al Maghrib, lesquels sont financés par les contribuables ? La filiale de la poste française est-elle soumise à la même redevance que les autres intégrateurs, paye-t-elle le loyer des agences au prix du marché, sachant que les agences postales sont bien situées ? Autant de questions posées par les membres de cette association qui ne compte pour le moment que quatre membres, à savoir DHL, UPS, FEDEX, TNT. D'aucuns parlent de violation des termes de la confidentialité de l'information au motif que «puisque la redevance est basée sur le volume, Chronopost peut déterminer les statistiques de ses concurrents. Luxe hors de portée pour ces derniers». Que pense-t-on de ces différentes réserves chez Barid Al-Maghrib ? Pour Abdellilah Boucetta, chargé du service de la messagerie, la chose est simple : c'est le législateur qui a prévu l'imposition de la redevance en question. De même, poursuit-il, «c'est le législateur qui a prévu la libéralisation de l'express international dans la loi 24-96. ». Un tournant logique puisque DHL pour sa part s'est installé au Maroc depuis 1986. L'activité est soumise depuis à un cahier de charges. Le dossier doit être présenté au département des postes et télécommunications, au ministère des Affaires générales et économiques. Parmi les conditions fixées, le postulant doit justifier d'une capacité de desserte sur toutes les destinations et pouvoir assurer un suivi électronique de ses envois. «C'est bien qu'une association puisse régir le secteur. Nous n'avons rien contre cette initiative bien qu'on a remarqué que Chronopost n'a pas été associé à la démarche », rappelle-t-on côté Barid Al Maghrib. Quant à la redevance, elle trouve son explication dans la nécessité d'assurer le service universel, mission qui revient toujours à Poste Maroc. «Nous sommes tenus de desservir tout le Royaume, et non seulement les centres urbains juteux», rappelle M. Boucetta pour qui la Poste n'a pas le choix comme les autres de pratiquer l'écrémage. Si la redevance est aux yeux des acteurs privés colossale, elle est loin de compenser le coût du service universel, tient à préciser le même cadre de la Poste. Quant aux relations entre Barid Al Maghrib et Chronopost, elles sont régies par une convention. Il y a un décret qui fixe les tarifs (redevance fixe et variable). On respecte la loi, laquelle loi précise que les courtiers internationaux doivent opérer à l'international. Et-ce toujours le cas ? Enfin, concernant la valeur de la location des agences de la poste à son partenaire français, il n'y a rien d'irrégulier, précise-t-on toujours côté Poste. Avant de signer les contrats de bail, en 2001, des experts immobiliers avaient été mandatés pour déterminer la valeur locative des agences. «Les choses sont claires », insiste le chargé de la Messagerie qui rappelle qu'une convention d'exploitation les lie avec Chronopost. Une relation aussi commerciale, selon lui, que l'offre de service qui lie Barid Al Maghrib à TNT et DHL. Chronopost Maroc est filiale de Barid Al Maghrib à hauteur de 66% de Chronopost International pour 34%. Cette dernière structure est détenue à 100% par la Poste française. Quoi qu'il en soit, à l'heure où la libéralisation du secteur est bien enclenchée, la redevance reste un problème de fond. Chose dont on est bien conscient chez les uns et les autres : «avant de libéraliser totalement, il faudra définir certains points, la notion de service universel par exemple. Qui va l'assurer, qui va le financer ? Quelles en seront les modalités ? Ce sont des questions qu'une étude actuellement en cours au DEPTI, tentera d'apporter des réponses.