Dans ce marché de dupes, le Maroc fait plutôt figure de principale victime : il subit une double attaque, celle de Subsahariens désespérés et celle de l'Europe qui par médias interposés le tient responsable de leur infiltration à Sebta et Mellilia. Les Subsahariens continuent leurs assauts répétitifs contre le préside marocain de Mellilia. Au point où ils en sont, rien ne les intéresse que de venir à bout de la forteresse européenne. C'est leur obsession de tous les jours. Le drame de jeudi dernier- qui s'est soldé de manière spectaculaire par la mort de cinq candidats au départ et plusieurs blessés voulant d'escalader le grillage hérissé de fils barbelés- est visiblement loin de dissuader les rêveurs de l'Eldorado. Du coup, le Maroc se retrouve à travers la presse espagnole et étrangère sur le banc des accusés, coincé entre le marteau des pressions européennes et l'enclume des flux massifs des clandestins subsahariens. D'un côté, on demande au Royaume d'empêcher ces derniers de gagner l'Europe et de l'autre on le laisse seul aux prises avec un phénomène de grande ampleur. Autrement dit, débrouillez-vous pour régler le problème. L'Europe ne presse pas seulement le Maroc d'être son gendarme, mais cherche aussi à aggraver sa position déjà intenable en le poussant à accueillir sur son sol les immigrés entrés illégalement en Europe pour qu'il se charge ensuite de les refouler vers leurs pays d'origine. Un casse-tête de plus car les candidats au départ refusent justement de révéler leur nationalité. À cela s'ajoute l'absence d'accords de rapatriement avec la majorité des pays émetteurs de clandestins. Ce qui rend quasiment impossible l'action de transfert. Ce qui renforce cette hypocrisie ambiante, c'est le silence des autorités marocaines qui subissent passivement depuis plusieurs années les ravages et les conséquences de cette épreuve alors que le Maroc n'est pas l'unique État concerné. L'Algérie, point de transit important des Subsahariens, ne fait rien pour participer à la lutte contre cette hémorragie humaine et personne ne semble le lui reprocher. Elle est même soupçonnée de laisser faire avec cette arrière-pensée que tout ce qui peut contribuer à déstabiliser le voisin détesté est bon à encourager. C'est cela le décor tel qu'il apparaît. Il n'est pas très réjouissant. Dans ce marché de dupes, le Maroc fait plutôt figure de principale victime : il subit une double attaque, celle de Subsahariens désespérés et celle de l'Europe qui par médias interposés le tient responsable de leur infiltration à Sebta et Mellilia. À cette mauvaise foi européenne répond la passivité marocaine. En effet, les responsables marocains concernés par ce dossier continuent pour l'on ne sait quelle raison à ne pas réagir, se contentant d'évoquer le sujet dans les réunions officielles maroco-espagnoles et de mobiliser une armada de policiers et de gendarmes dans la traque devant les caméras des migrants africains. Ce n'est pas en tout cas avec une attitude pareille que l'on peut sensibiliser les partenaires à la gravité d'un problème qui nécessite une autre approche. Le commencement serait la convocation d'une conférence régionale qui verrait la participation des pays subsahariens, européens et maghrébins. Objectif:explorer les meilleurs moyens de lutter efficacement contre un phénomène des plus complexes.