Le déplacement du Premier ministre français au Maroc s'est inscrit sous le signe du renforcement des relations économiques et commerciales entre les deux pays. La visite officielle du Premier ministre français, Dominique de Villepin, entamée lundi à l'occasion de la 7ème rencontre maroco-française et couronnée par une audience accordée par SM le Roi Mohammed VI au hôte du Royaume à la résidence royale à Oujda, a été une nouvelle occasion pour Paris et Rabat de rappeler l'excellence de leurs relations, notamment dans les domaines politiques et économiques. Natif de Rabat, le 14 novembre 1953, Dominique de Villepin effectue ainsi son premier déplacement officiel à l'extérieur de l'Europe. Et c'est naturellement le Maroc qu'il a choisi, en raison, certes, des liens affectifs qui le lient personnellement à notre pays, mais également car les deux pays, il l'a lui-même rappelé, "sont liés d'une amitié extraordinaire". Ceci dit, à l'égard du Maroc, Dominique de Villepin souhaite laisser une empreinte de son passage à Matignon, en franchissant "une nouvelle étape" dans ses relations avec le Maroc. Inutile de rappeler que la visite du Premier ministre français au Maroc revêt également une importance franco-française. La cote de popularité de Dominique de Villepin lui permet aujourd'hui de se positionner en véritable successeur de Jacques Chirac. Le bras de fer s'annonce déjà extrêmement serré entre lui et son ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, grand absent de ce déplacement. En effet, le ministère de l'Intérieur français est représenté par Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités territoriales, avec lequel El Mostafa Sahel a eu un entretien mardi sur les moyens de renforcer la coopération entre les deux départements notamment dans le domaine de la formation. D'un point de vue marocain, les différences entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy vont au-delà des visions sociales et économiques de l'un ou de l'autre. En fait, ce qui semble intéresser le Maroc c'est l'attitude française à l'égard de l'affaire du Sahara. Certains milieux marocains estiment, à tort ou à raison, que cette attitude n'est pas "suffisamment convaincante". En d'autres termes, malgré les discours officiels rassurants, la France pèche par manque d'actions concrètes pour la résorption définitive de l'affaire du Sahara. Il a fallu attendre l'intervention américaine. Et c'est là où apparaît l'importance des différences entre Dominique De Villepin et son éventuel adversaire aux présidentielles de 2007, Nicolas Sarkozy. Le premier serait apparemment le seul homme politique français capable de "tenir tête" à l'hégémonisme de l'Oncle Sam et perpétuer la tradition gauliste. Quant à Nicolas Sarkozy, ses tendances atlantistes ne sont plus un secret pour personne. Face à ces deux hommes, le Maroc n'a évidemment pas de choix à faire. En outre, 2007 est encore loin. Le plus urgent pour le Maroc c'est le développement économique et social. Le Premier ministre français l'a souligné, dans le discours prononcé lors du dîner offert lundi par son homologue Driss Jettou : "Pour être efficaces, nous devons veiller à ce que notre coopération, si riche, soit bien centrée sur nos priorités. Je pense en particulier aux réformes et au programme de modernisation apportés par SM le Roi Mohammed VI, à travers son Initiative nationale pour le développement humain. Sachez que la France est à vos côtés". Sur l'affaire du Sahara et la construction maghrébine, deux phrases : "je n'en ignore pas les difficultés, mais je veux renouveler le vœu de la France de voir se construire un Maghreb uni, stable et prospère. Je salue, à cet égard, la disponibilité réaffirmée du Maroc à négocier une solution politique pour régler le dossier du Sahara". Le fait que SM le Roi accueille M. De Villepin à Oujda, à la frontière algéro-marocaine, a valeur de symbole.