Le Conseil national du parti de l'Istiqlal a élu, samedi, les membres du comité central. Des consultations qui n'ont pas fait que des heureux. Après un an environ de retard, le Conseil national du parti de l'Istiqlal s'est réuni à la fin de la semaine dernière pour élire, parmi ses membres, le Comité central du parti. Ces élections, qui ont eu lieu le samedi soir, se sont déroulées dans un climat qualifié par plusieurs militants de "bizarroïde". Rappelons que les membres du Conseil national étaient donc appelés à choisir, parmi eux, cent membres pour le comité central. Ce dernier sera composé de 80 hommes et 20 femmes. Ce quota féminin, prévu par les statuts du parti, est sans doute un des points positifs de ces consultations. Par ailleurs, si aucun incident majeur n'a été signalé, ces militants, qui ont tous refusé d'être cités, estiment que l'élection du comité central a été entaché par plusieurs irrégularités. Tout d'abord, le Conseil national n'a pas réussi à engager un véritable débat politique, préalablement à l'élection du comité central. En d'autres termes, les membres du Conseil national étaient beaucoup plus obnubilés par l'aspect électoral de leur rencontre que par autre chose. Pour preuve, le discours prononcé par le secrétaire général du parti, Abbas El Fassi, n'a été pratiquement écouté par personne. En revanche, quand l'inspecteur général, Mohamed Soussi, est intervenu pour donner les détails sur le déroulement du processus électoral, tout le monde a ouvert grand ses oreilles. Dès l'ouverture des candidatures, les travaux du Conseil national ont complètement viré, prenant l'allure d'un véritable souk où les listes des candidats se formaient et se déformaient. Les critères de confection de ces listes n'étaient pas clairs. Cette confusion générale a même poussé certains à parler d'élections "peu démocratiques". Et pour cause, la liste de l'Anapec (liste comportant des fonctionnaires istiqlaliens de l'Agence dont la responsable des ressources humaines) a été préétablie. Selon des témoins, cette liste a été carrément imprimée d'avance. Elle comporte, en plus du noyau dur provenant de l'Anapec, les candidats originaires de Rabat et de Salé. Résultats des courses: le comité central est désormais composé de militants originaires des villes de Casablanca et de Rabat-Salé. Certains militants ont regretté que certaines régions, comme celle du Sud, ne soient pas suffisamment représentées. Le comité central se trouve ainsi fragilisé. Car certains militants, membres pour la première fois au Conseil national, se sont retrouvés au comité central. "C'est cette confusion générale qui a facilité ce type de parachutage", estiment certains. Paradoxalement, des militants de la première heure, n'ont pas réussi à se faire élire. C'est le cas de Faïçal El Khatib, ancien président de groupe parlementaire, Me El Oualidi, président de la Ligue des avocats istiqlaliens, Dr Moufid et Youssef Tazi, tous les deux parlementaires. Sans oublier plusieurs inspecteurs régionaux. Par ailleurs, dans sa déclaration finale, le Conseil national a appelé le secrétaire général à prendre position dans l'affaire qui oppose certains juges à leur ministre, Mohamed Bouzoubaâ, ce dernier étant accusé de faire preuve d'une politique de deux poids, deux mesures. Toutefois, Abbas El Fassi a refusé de soulever ce problème, au même titre que celui de la libération des journalistes emprisonnés.