Le plan de développement ambitieux de l'Autorité palestinienne dépendra, aussi, de la qualité et de l'intensité de la coopération des Israéliens. Mais ces derniers posent certaines conditions. L'arme secrète de Mahmoud Abbas pour supplanter le Hamas à Gaza est le développement économique. Un plan pour doubler, en 10 ans, le revenu annuel des habitants qui a rétrogradé au cours des années de l'Intifada. Le revenu est tombé à moins de 800 dollars l'an, avec un taux de chômage de 34 % et 48 % pour les jeunes. L'emploi en Israël qui était jusqu'à l'Intifada la principale source de revenus, ne peut plus être une panacée et prendra fin, selon les plans, en 2008. Mahmoud Abbas compte sur une meilleure utilisatin de l'aide internationale, par rapport au passé. Le représentant du Quartet (USA, Union européenne, Russie et l'ONU), au suivi du désengagement de Gaza, l'ancien directeur de la Banque mondiale, Wolfson, a obtenu du G8, la promesse d'une aide exceptionnelle de 3 milliards de dollars en trois ans. Pour l'heure, les Américains ont été les premiers à débloquer une aide de 50 millions de dollars. Mais pour les projets importants prévus à Gaza, dans les dix ans, l'Union européenne a accordé le financement des budgets. Il s'agit de la construction d'un port maritime, en eau profonde, qui constituera une ouverture sur le monde. Il nécessite un investissement de 88 millions de dollars accordés par l'Europe. Israël a déjà levé son veto à cette construction et les travaux devraient reprendre, incessamment, avec l'aide d'experts internationaux. Il est prévu d'installer les hangars du port dans l'ancienne colonie de Netsarim. Le deuxième projet concerne la reconstruction de la ligne de chemin de fer jusqu'à l'aéroport de Gaza, détruite par les Israéliens au début de l'Intifada. Avec la construction d'un terminal de marchandises, il est prévu un investissement de 25 millions de dollars accordés par l'Union européenne, en attendant la remise en fonctionnement de l'aéroport de Gaza. Dans le secteur agricole,le plan prévoit le développement de serres achetées aux colons israéliens, par la communauté internationale, au profit des Palestiniens. Ceux-ci ont acquis un savoir-faire, ayant été formés aux techniques agricoles israéliennes. La production des serres est destinée à l'exportation, soit directement par l'aéroport de Gaza lorsqu'il sera remis en service, soit dans l'immédiat, à travers la société israélienne spécialisée Agresco, qui commercialisait la production de Gouch Katif. Demeure le point principal concernant la qualité et la rapidité des points de passage vers Israël et le port d'Ashdod (principal port commercial israélien). Ainsi qu'un point de passage, à travers la Cisjordanie vers le marché arabe à partir de la Jordanie. Le tourisme est également un projet du plan de développement de Gaza. De très belles plages de la côte méditerranéenne, et en particulier celles de Gouch Katif (au Sud de Gaza) devront devenir une « riviéra » pouvant attirer des milliers de touristes des pays arabes. Un village de vacances est également planifié à la place de la colonie d'Elé Sinaï, au Nord de la Bande de Gaza, à la frontière avec Israël, à la condition que le calme soit maintenu sur les sites des autres colonies. Le plan prévoit un centre culturel et un musée à «Morag» où il est planifié de construire 3000 logements, des hôtels, voire même un casino. Les Israéliens se sont engagés à préserver les infrastructures existantes : soit, les installations d'eau potable, les routes et les réseaux d'électricité. Le journal The New-York Times a publié samedi d'autres détails du plan de développement par son correspondant à Gaza, James Bennet. Dans une période de dix ans, le plan prévoit une augmentation de la population de la Bande de Gaza, de 1 million à 2,3 millions en 2015. L'Autorité palestinienne assumera le développement de cette région, dans un arrêt total de la violence, bien qu'elle continue à craindre les difficultés, autant que toute la population palestinienne en général. Le plan concernant les sites des anciennes colonies a été confié à un Comité de 8 groupes du Fatah, chargé en collaboration avec tous les représentants municipaux, de fixer l'utilisation des sites et des bases militaires abandonnées par l'armée israélienne au courant du mois de septembre. Ces groupes sont chargés, en particulier, de contrôler les infrastructures et de coordonner les relations avec les Israéliens, rôle principal de Mohamad Dahlan. Il est prévu, d'autre part, de développer deux villes urbaines principales : Gaza-ville au Nord et Khan Youness au Sud. Ainsi que 4 centres urbains entourés d'espaces de verdure. Le journal The New-York Times cite des économistes qui considèrent notamment, que le projet d'un nouveau port moderne important est fiable. Il pourra être utilisé, non seulement par les Palestiniens, mais aussi par les Jordaniens, voire les Irakiens à long terme. Mais cela suppose, précise James Bennet «une normalisation totale de la situation et l'ouverture, plus ou moins, dans la région», pour éviter des restrictions imposées par les Israéliens, en cas d'actions terroristes. D'autres économistes palestiniens insistent sur les profits potentiels d'un nouveau port, avec la création d'emplois et surtout par son « symbole de souveraineté». L'Autorité palestinienne convient que ce nouveau projet sera développé par étapes, au fur et à mesure de son utilisation, au-delà de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie. James Bennet cite également le représentant en Cisjordanie et à Gaza de la Banque mondiale, Nigel Roberts qui se demande si l'autorité palestinienne entend diriger le territoire palestinien de manière exclusive, -la même que l'ancien régime-, sans essayer de gagner la confiance populaire des Palestiniens. Ce qui explique la raison pour laquelle des Palestiniens de Gaza n'ont pas célébré l'évacuation des colonies, en attendant le départ des soldats israéliens et surtout le bénéfice de nouveaux emplois. Le plan de développement ambitieux de l'Autorité palestinienne dépendra, aussi, de la qualité et de l'intensité de la coopération des Israéliens. Ceux-ci posent comme condition le maintien de l'enveloppe douanière commune, pour assurer un contrôle minimal du passage des frontières avec l'Egypte et vers Port Saïd. Les négociations en cours n'ont pas encore abouti, malgré le danger, qu'en cas de suppression de ce cadre douanier commun, la Bande de Gaza ne soit coupée de la Cisjordanie. Cette région palestinienne, certes, restant placée dans son cadre actuel, deviendrait «une grande prison» : la liberté de circulation étant la condition primaire à la prospérité et au développement de la Bande de Gaza et de toute la Palestine…