La croissance se consoliderait à 3% en 2022, recouvrant un repli de 3,3% de la valeur ajoutée agricole, sous l'hypothèse d'un retour à une production céréalière moyenne, et un accroissement de 3,6% de celle des activités non agricoles. L'économie marocaine avance dans le bon sens. Selon le Conseil de Bank Al-Maghrib qui a tenu sa 3ème session trimestrielle le mercredi 13 octobre 2021, la reprise devrait se poursuivre. Lors de cette réunion, il a analysé à l'aune de l'évolution de la situation sanitaire la conjoncture économique aux niveaux national et international tout en dévoilant les projections macroéconomiques à moyen terme de la Banque. Dans cette perspective, ledit Conseil a mis l'accent sur les progrès significatifs réalisés par notre pays en matière de vaccination et l'évolution de l'inflation à des niveaux modérés en dépit d'une certaine accentuation des pressions inflationnistes externes. Dans le même sens, le Conseil a analysé les derniers développements sur le marché de change et a décrypté l'impact des interventions récentes de la Banque pour résorber les excédents conjoncturels de devises. Le taux directeur maintenu à 1,5% Pour le Conseil de Bank Al-Maghrib, l'orientation de la politique monétaire «reste largement accommodante, assurant des conditions de financement adéquates». Il a jugé en particulier que le niveau actuel du taux directeur demeure approprié. A cet effet, le Conseil a décidé de le maintenir inchangé à 1,5%. L'inflation s'établira à 1,6% en 2022 Après une relative accélération de 1,6% en moyenne enregistrée au deuxième trimestre de 2021 et de 2,2% en juillet, l'inflation est revenue à 0,8% en août en raison de la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils. Le Conseil a également souligné que dans un contexte marqué «par le renchérissement des produits énergétiques, le redressement de la demande intérieure et l'accentuation de l'inflation importée, elle devrait ressortir à 1,2% sur l'ensemble de cette année et s'établir à 1,6% en 2022 et ce, après un taux de 0,7% en 2020» ajoutant que sa composante sous-jacente devrait passer de 0,5% en moyenne en 2020 à 1,4% en 2021 et atteindrait 2,1% en 2022. La reprise se poursuit La croissance se consoliderait à 3% en 2022, recouvrant un repli de 3,3% de la valeur ajoutée agricole, sous l'hypothèse d'un retour à une production céréalière moyenne, et un accroissement de 3,6% de celle des activités non agricoles. Dans son analyse le Conseil de Bank Al-Maghrib rappelle les dernières données des comptes nationaux relatives au deuxième trimestre de 2021 qui indiquent une croissance de 15,2% de l'économie nationale, en glissement annuel, avec des progressions de 18,6% de la valeur ajoutée agricole et de 14,8% de celle des activités non agricoles. «La reprise devrait se poursuivre, soutenue par les progrès notables de la campagne de vaccination, la très bonne campagne agricole, le stimulus budgétaire ainsi que l'orientation accommodante de la politique monétaire. Ainsi, selon les projections actualisées de Bank Al-Maghrib, le PIB en termes réels terminerait l'année avec un rebond de 6,2%, en révision à la hausse de 0,9 point par rapport aux prévisions de juin dernier», relève la même source ajoutant que cette amélioration reflète une augmentation de 18,8% de la valeur ajoutée agricole, compte tenu d'une récolte céréalière de 103,2 millions de quintaux, et une augmentation de 4,6% de celle non agricole. Création d'emplois insuffisante On compte à 405 mille emplois créés sur le marché du travail au deuxième trimestre 2021 (en glissement annuel). Ce nombre reste en deçà des 533 mille actifs qui ont rejoint le marché au cours de la même période, argumente la même source. Par conséquent, le taux d'activité a progressé de 1,3 point, à 46,1%, alors que le taux de chômage s'est aggravé de 0,5 point, à 12,8%. Accélération de la reprise des échanges extérieurs Pour ce qui est des échanges extérieurs, les données à fin août font état d'une accélération généralisée de la reprise du commerce de biens. «Cette dynamique se poursuivrait avec une hausse des exportations de 22,6% en 2021 puis de 5,9% en 2022, tirées principalement par les ventes du phosphate et dérivés et de la construction automobile. En parallèle, les importations s'accroîtraient de 19,6% en 2021, traduisant essentiellement les augmentations prévues des achats de biens d'équipement et de consommation, ainsi que l'alourdissement de la facture énergétique, avant d'accuser une décélération de leur rythme à 4% en 2022», explique le Conseil. Sur un autre volet, les restrictions sanitaires continuent de peser sur les recettes voyages avec une nouvelle baisse de 8,6%, à 33,3 milliards de dirhams, prévue en 2021 après celle de 53,7% en 2020. «En 2022, sous l'hypothèse d'un allègement significatif de ces mesures, ces recettes connaîtraient un rebond à 60,7 milliards, un niveau qui reste toutefois bien en deçà de celui de 78,7 milliards enregistrés en 2019», selon la même source. Les transferts MRE : Un record de 87 MMDH attendu en 2021 Les transferts des MRE afficheraient pour leur part une hausse significative de 27,7% en 2021 pour atteindre un record de 87 milliards de dirhams, avant de baisser de 5%, à 82,7 milliards en 2022. «Dans ces conditions, le déficit du compte courant se creuserait de 1,5% du PIB en 2020 à 2,5% en 2021 avant de s'alléger à 1,4% en 2022», soulignent les experts de Bank Al-Maghrib. Quant aux flux d'investissements directs étrangers, ils devraient osciller autour de l'équivalent de 3% du PIB sur l'horizon de prévision. «Tenant compte, en particulier, des financements extérieurs prévus du Trésor et de l'allocation de DTS de 10,8 milliards de dirhams, les avoirs officiels de réserve se situeraient à 335 milliards de dirhams à fin 2021 et à 345,1 milliards à fin 2022, soit l'équivalent de plus de 7 mois d'importations de biens et services», relève la même source. Le taux de change prévu en hausse de 0,4% à fin 2021 Concernant les conditions monétaires, «le taux de change effectif réel devrait terminer l'année avec une augmentation de 0,4%, résultat de l'appréciation nominale du dirham et d'un niveau d'inflation nationale inférieur à celui des partenaires et concurrents», affirme le Conseil de Bank Al-Maghrib. En 2022, il devrait se déprécier de 1,9% en lien avec le repli de la valeur nominale de la monnaie nationale. Du côté des taux débiteurs, ils ont connu une régression trimestrielle de 13 points de base au deuxième trimestre qui a bénéficié principalement aux entreprises. S'agissant du crédit bancaire au secteur non financier, sa progression a enregistré un léger ralentissement à 3,3% au deuxième trimestre, reflétant en particulier la décélération des prêts accordés aux entreprises non financières privées après la fin de certains programmes de soutien mis en place en 2020 dans le cadre de la réponse à la crise de Covid-19. Il devrait terminer cette année avec une hausse de 3,7% puis augmenter de 3,8% en 2022, précise la même source.