Créé à peine il y a quelques mois, le syndicat des techniciens de l'aéronautique au Maroc en est déjà à sa première grève. Officiellement, il s'agit de soutenir des employés tombés sous le coup de mesures disciplinaires. Mais aucun cahier revendicatif n'a été adressé à la direction de la RAM. Quelque 380 techniciens de la RAM sont en grève depuis le 29 juin 2005. Rien à voir avec la grève des pilotes de l'année dernière. Dans le cas d'espèce, les raisons du débrayage, encore non officielles, tiennent pourtant du secret de polichinelle. A l'origine, tout est parti de quelques sanctions, des mesures disciplinaires infligées par la direction suivant les règles hiérarchiques normales à quatre techniciens pour manquement. En fait, «des sanctions comme cela arrive à n'importe quelle entreprise et à n'importe quelle compagnie aérienne», précise-t-on dans les parages de la direction. En réaction et en guise de solidarité, le Syndicat des techniciens aéronautiques du Maroc, fraîchement créé, décrète spontanément une grève de 24 heures. Au motif qu'un accord était intervenu entre les délégués syndicaux et la direction de la maintenance, les techniciens jugent que la mutation n'a pas obéi aux règles de sécurité. Depuis, ce qui était un simple sit-in de 24 heures a empiré, devenant une grève presque illimitée. Aucun cahier revendicatif n'est encore parvenu à la compagnie nationale où l'on tient à préciser que malgré sa persistance, le mouvement n'a pas perturbé le programme estival de la Royal Air Maroc. «Des réajustements ont été apportés, des départs de congé ont été reportés, », indique-t-on de source non autorisée. Interrogés sur les raisons de leur mouvement, les techniciens du STAM parlent d'abord «d'harcélements de techniciens», de «mutations arbitraires» de deux syndicalistes à Oujda et à Fès. Un autre technicien proteste contre le fait qu'une formation de 45 jours prévue aux USA soit annulée et qu'en lieu et place, le même programme soit organisé à Casablanca pour un nombre de jours réduits. «Nous n'avons pas émis un cahier revendicatif parce que nous avons été contraints d'aller à la grève, justifie le Stam pourquoi le mouvement aurait été suivi à 92% par les techniciens? Reste seulement à rédiger un cahier revendicatif. En lieu et place, le Stam souhaite «rencontrer» le directeur général de la RAM lui-même. Le jeune syndicat est resté longtemps silencieux, convaincu peut-être de sa démarche. Il a fallu attendre le 17 août 2005 pour qu'enfin la STAM lance des faire-part pour une première conférence de presse. Celle-ci n'aura pas pour sujet la grève elle-même. Le thème de la conférence de presse, prévue jeudi 25 août au siège de l'association, sera axé sur «la sécurité aérienne». Un sujet qui tombe à pic mais qui, comme l'a rappelé un spécialiste de l'aérien, doit être abordé par des experts. Des us et des coutumes dont les techniciens grévistes n'en ont cure. Durant la conférence de presse, «nous insisterons sur la sécurité aérienne surtout que dans les dernières catastrophes aériennes, on l'a tous vu, l'origine des incidents était due à des défauts d'entretien, des pannes de pressurisation…etc», explique un syndicaliste. En tout cas, côté RAM, le thème «sécurité», outre le fait qu'il doit être abordé par «des experts », ne pose aucun problème. La direction générale de l'Aviation civile française (DGAC) vient de placer la Royal Air Maroc dans sa liste blanche où figurent 93 compagnies aériennes. A noter que ni Air Algérie ni Tunisair ne figurent dans cette liste dressée suite aux derniers crash d'avions de par le monde.