La stratégie de coopération 2005-2009 entre le Maroc et la Banque Mondiale privilégie une série de réformes institutionnelles nécessaires pour améliorer la transparence de l'économie et réduire le déficit budgétaire. La Banque Mondiale est plus que jamais déterminée à travailler en étroite collaboration avec le Maroc. C'est grosso modo ce qui ressort des différentes déclarations des responsables de cette institution. Ses stratégies et plans d'actions abondent dans le même sens. Adoptée le 18 mai dernier à l'unanimité par le conseil d'administration de l'institution financière, la stratégie de coopération, appelée CAS 2005-2009 pour « Country Assistance Strategy », en est le reflet. Il s'agit d'un document essentiel dans la mise en place des programmes de développement dans les pays partenaires. Dans le cas du Maroc, son principal objectif est d'aider le pays à relever ses principaux défis de développement et notamment « d'accélérer la croissance durable, créatrice d'emplois et de réduire la pauvreté et la marginalisation. Le document qui a été rendu public le 30 juin dernier diffère totalement des précédentes stratégies. Les documents antérieurs ont défini « deux Maroc », un urbain et l'autre rural. « La principale différence entre la période actuelle du CAS (2005-2009) et la précédente (2001-2004) est que l'environnement politique et administratif est aujourd'hui plus favorable pour la mise en oeuvre des réformes institutionnelles. Tant au plus haut niveau de décision politique qu'à celui de la société civile, un sens de l'urgence de la réforme semble prévaloir », notent les experts de la Banque Mondiale. Et d'ajouter que le moment est donc propice à la mise en œuvre de ces réformes, et ce en dépit de certaines résistances et du dynamisme insuffisant de l'administration. Et dans le registre des griefs, ces financiers ont été très explicites. Arrivent ainsi en tête de ces importants défis qui se dressent devant le Maroc « sa croissance économique atone, la vulnérabilité à une pluviométrie variable, le faible niveau des indicateurs sociaux pour son niveau de revenu, le chômage élevé, et la pression croissante sur les ressources naturelles, l'eau en particulier ». Les prestations du département de Fathallah Oualalou, ministre de l'Economie et des Finances, ont particulièrement été pointées du doigt. « En dépit des réalisations, la position budgétaire s'est dégradée et pourrait devenir insoutenable dans le moyen terme», note la stratégie qui ne manque pas de sommer sur les importants déficits budgétaires qui se sont situés en moyenne à 5,2% du PIB au cours de la période 2001-04. Si l'apport des importantes recettes de privatisation qui devraient être substantiellement épuisées d'ici 2006 a été considérable, il risque néanmoins de se trouver englouti par une masse salariale croissante qui a représenté environ 13% du PIB en 2004. Le poids des investissements exceptionnels, dédiés aux infrastructures, financés par le Fonds Hassan II, se fait également ressentir. A ceci s'ajoute une plus faible performance des recettes due à la réduction de certains droits d'importation. Pour aider le Maroc à venir à bout de ces problèmes, la stratégie élaborée par la Banque Mondiale se veut accompagnatrice de l'effort de croissance et de développement social et humain amorcé par le Royaume. Ce dernier se trouve ainsi acculé à améliorer la compétitivité et le climat de l'investissement. « L'appui de la Banque visera à atteindre cinq résultats essentiels pour améliorer la compétitivité de l'économie marocaine et dès lors son potentiel de création d'emplois : garantir la stabilité macroéconomique, accroître l'efficacité de l'administration publique, accroître la création d'emplois dans le secteur privé, renforcer le rôle du secteur financier en tant que vecteur de croissance et développer la compétitivité du secteur agricole ». Le volet social est en outre d'une importance capitale d'où l'accent mis sur l'amélioration des conditions de vie des pauvres et des vulnérables. Habitat, santé, enseignement et infrastructures entre autres sont des priorités de l'action gouvernementale. C'est d'ailleurs dans ce cadre que s'inscrit l'octroi dernièrement par le Maroc de 150 millions de dollars, première action entreprise dans le cadre de ce CAS 2005-2009 visant l'éradication de l'habitat insalubre. Si de larges segments de la population sont toujours socialement et économiquement marginalisés, le plus grand défi (et la plus grande opportunité) pour remédier à la faible performance économique antérieure est donc de créer le plus grand nombre d'emplois et à développer la population active. « Si la croissance économique ne s'accélère pas et si de nouveaux emplois ne sont pas créés au cours de la prochaine décennie, la pauvreté et l'exclusion se propageront vraisemblablement à des niveaux qui pourraient générer des tensions sociales difficiles à gérer », prévient l'institution financière dont le siège est à Washington.