Le mardi 2 août 2005, les opposants au désengagement israélien de Gaza se sont réunis, dans un nouveau grand rassemblement dans la ville de Sderot, à quelques kilomètres de la frontière d'Israël avec la Bande de Gaza. L'arrivée des 15 000 manifestants, hommes, femmes et beaucoup d'enfants, est loin d'avoir atteint les 100 000 annoncés. Une autorisation de la police a, pourtant, permis cette manifestation. Mais les partants pour Sderot ont vu leurs autobus et leurs véhicules privés décorés d'un ruban rouge, bloqués dès leur départ de toutes les régions du pays. La presse israélienne la plus populaire a qualifié cette «dernière manifestation, d'un dernier combat en dehors de Gouch Katif (sud de Gaza occupé par les colonies), contre le retrait de Gaza». Toute infiltration d'un grand nombre de manifestants dans le territoire interdit de Gaza, donc de Gouch Katif, est devenue quasi-impossible. L'organisation des colonies, Yesha, a dû reconnaître, sans l'avouer complètement, que la «guerre» était perdue à Gaza, mais qu'il fallait empêcher un renouveau d'un «désengagement en Cisjordanie (Judée-Samarie)»… Probablement parce que la manifestation de Sderot ne correspond pas à l'affluence attendue. Pour certains analystes de grands journaux comme Haaretz, des dirigeants de Yesha portent «une lourde responsabilité», car les colons, mardi soir, n'organisaient pas une simple manifestation, mais «une rébellion, un putsh, une déclaration de guerre au système démocratique israélien». L'analyste Yoel Marcus, va plus loin, il considère : «les attaques personnelles, virulentes contre Ariel Sharon créent chez les plus extrémistes une atmosphère rendant possible son assassinat, avec ou sans Pulsa Dénoura (incantation religieuse à la mort)». Au-delà, encore, dans son éditorial du mardi 2 août 2005, le grand quotidien Haaretz s'attaque à Benyamin Netanyahou, -ancien chef du gouvernement israélien et, actuellement, ministre des Finances de Sharon-, qui «a perdu le Nord». Pour l'éditorialiste, Netanyahou n'a pas perdu l'occasion de demander, dès dimanche dernier, au Conseil de gouvernement de Sharon de permettre aux colons de manifester. En considérant que «le droit à la manifestation est un droit fondamental en démocratie». Ce que l'éditorial qualifie «d'hypocrisie et de bluff». D'autant que les dirigeants des colonies, -Yesha-, ne cessent de répéter qu'il ne s'agit pas d'une simple manifestation, «mais d'un essai de saboter le retrait de Gaza, par une guerre d'usure contre les forces de l'ordre». Les manifestants ne peuvent s'opposer à l'application d'une décision démocratique du Parlement (Knesset), mais peuvent immobiliser des hommes et des moyens considérables des forces publiques, en dehors de Gouch Katif, dans le but de bloquer le retrait du 17 août prochain.La manifestation n'est pas «légitime», car elle veut imposer à la majorité des positions d'une minorité. Donc, le soutien de Benyamin Netanyahou aux actions illégales des colons, avec Yesha, s'inscrit dans une grave série de déclarations et d'actions «de celui qui se considère comme un candidat à la direction du gouvernement , malgré son statut qui impose des normes particulièrement sévères». Déjà, en juin 2004, Netanyahou avait, en effet, réussi avec le soutien d'autres ministres du gouvernement Sharon, d'imposer une décision étalant en 4 étapes le retrait de Gaza, - avec une nouvelle décision gouvernementale à chaque étape-, «malgré le danger que cela représente pour les forces de l'ordre et pour les colons», selon Haaretz. C'est Netanyahou qui a exigé la destruction des maisons des colons, après s'être honteusement replié, en dernière minute, de son opération pour renverser Sharon. Que vaut, ainsi, pour lui l'image du pays dans le monde en comparaison des applaudissements de sa tendance d'extrême droite au sein du parti, Likoud, de Sharon ? Car, dernièrement, Benyamin Netanyahou a visé encore plus à droite et voté au gouvernement contre le désengagement de Gaza. Pour lui, l'essentiel, reste de prévenir le retrait de Gaza et de faire tomber Sharon. Allant jusqu'à qualifier le désengagement «d'huile de rouage du terrorisme», en prévoyant, selon lui, la transformation de la Bande de Gaza en Hamasland.Pour faire échouer le désengagement de Gaza, il s'est opposé au retrait de l'armée israélienne (Tsahal) de la frontière entre l'Égypte et Gaza (couloir de Philadelphie), pour en confier le contrôle aux Égyptiens : un accord signé le lundi 1er août. De plus, au fur et à mesure que des habitants, plus nombreux, de Gouch Katif, comprennent que «les jeux sont faits», Natanyahou accroît son soutien à la direction des colonies, Yesha. Cependant, malgré tous ses efforts et toutes ses manœuvres, le plan de désengagement garde toutes ses chances. Il s'agit « d'une grande réussite de Sharon, aux dépens de son concurrent Netanyahou ». Au-delà de cette conclusion, il est évident que Sharon espère la démission de Netanyahou de son gouvernement…