La sixième réunion maroco-espagnole de haut niveau tenue à Marrakech n'a pas réussi à rapprocher les points de vue des deux gouvernements sur les dossiers politiques notamment en ce qui concerne la question du Sahara marocain. Les deux délégations ont axé leurs travaux sur la coopération économique. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a reçu hier à Marrakech le président du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, au terme de sa visite officielle au Maroc. Le chef du gouvernement espagnol, qui était arrivé au Maroc lundi, a présidé la délégation de son pays aux travaux de la réunion de Haut niveau entre les deux gouvernements marocain et espagnol. Durant deux jours, José Maria Aznar a eu des entretiens avec son homologue marocain, Driss Jettou, sur les dossiers d'intérêt bilatéral, et a été l'hôte d'un dîner offert en son honneur par le chef de la Primature auquel ont pris part les ministres l'accompagnant et qui ont tenu de leur côté des réunions sectorielles avec leurs homologues marocains. Hier, les deux chefs de gouvernement ont tenu une conférence de presse conjointe où ils ont fait le bilan de cette VIe réunion de Haut niveau mettant l'accent sur les trois accords de coopération signés entre les deux parties. Il s'agit d'un accord de coopération financière, d'un accord de conversion en investissement privé de la dette du Maroc envers l'Espagne, selon les conventions du club de Paris, et d'un accord de conversion de la dette en investissement public. Ces accords ont été signés par le ministre des Finances et de la Privatisation, Fathallah Oualaalou et le premier vice-président du gouvernement espagnol, ministre de l'Economie, Rodrigo Rato, lors d'une cérémonie présidée par les chefs de gouvernement des deux pays, MM. Driss Jettou et José Maria Aznar. Le premier accord porte sur une ligne de crédit de 270 millions d'euros composée de crédits mixtes, gouvernementaux et commerciaux. Ce financement, assorti d'un don de 50% est destiné au projet de développement économique et social, dont la réalisation sera confiée aux entreprises espagnoles. Il porte aussi sur une ligne de crédit de 20 millions d'euros, assortie de conditions concessionnelles . Cette ligne est destinée au financement de l'acquisition des biens et services d'origine espagnole par les entreprises marocaines dans le cadre de leur mise à niveau. Le premier accord porte aussi sur un don de 10 millions d'euros affecté au financement des études de viabilité de projets d'intérêt commun. Le deuxième accord lance une nouvelle opération de conversion de la dette en investissements privés pour un montant de 40 millions d'euros. Le troisième accord lance, pour la première fois, une opération de conversion-annulation de la dette du Maroc à l'égard de l'Instituto de Credito Oficial Espagnol pour une enveloppe de 50 millions d'euros. Le produit de cette opération est destiné au Fonds de restructuration industrielle et au Fonds de promotion de l'habitat social. Des accords qui auront certainement des retombées positives sur l'amélioration de la coopération économique entre les deux pays et renforceront l'implantation des entreprises espagnoles au Maroc. il est à signaler, toutefois, que l'ensemble de ces accords devait être signé, il y a deux ans. Rappelons que la réunion de haut niveau, tenue ces deux derniers jours, devait avoir lieu vers la fin de l'année 2001, et qu'elle avait été reportée par le chef du gouvernement espagnol après l'éclatement de la crise diplomatique entre les deux pays. Outre l'aspect économique, il faut avouer que la réunion de cette sixième Haute commission mixte a été marquée par un échec au niveau politique puisque les deux gouvernements n'ont réussi aucun rapprochement entre leurs points de vue sur les principaux sujets de discorde notamment en ce qui concerne la question du Sahara marocain. À ce propos, la position réitérée par le chef du gouvernement espagnol durant les deux jours de sa visite, qui consiste à appeler le Maroc à négocier avec les séparatistes du polisario sur la base du dernier plan Baker. En somme, la visite d'Aznar, qui a lieu alors que le président du gouvernement Populaire s'apprête à quitter le pouvoir en mars prochain, a été une simple correction dans le calendrier des réunions de haut niveau que l'ex-dirigeant populaire devait faire pour préparer le terrain à son successeur à la tête du Parti Populaire (PP), Mariano Rajoy.