Le cinquième sommet ordinaire de l'Union Africaine prend fin aujourd'hui à Syrte, en terre libyenne. Des dizaines de chefs d'Etat du continent ont pris part à cette messe politique qui peine à déboucher sur des actions concrètes. Cinq ans après le sommet de Syrte, l'Union Africaine foule de nouveau la terre qui a vu sa naissance. Mais l'ancêtre de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), né en 1963 à Adis Abeba (Ethiopie) et enterré dans le désert libyen, est loin d'avoir honoré l'espoir qu'elle avait suscité à l'époque dans les masses africaines. Telle qu'elle se présente aujourd'hui, l'Union est la pâle copie des «Etats Unis d'Afrique», un rêve qui hante le leader de la Jamahiriya depuis 1999. La levée des barrières commerciales, l'unification des réseaux de transports et de communication ainsi que le lancement d'un satellite africain, initiatives soulevées dans la ville natale du président libyen, ont presque eu le même destin que le NEPAD, resté un éternel projet. Pour donner plus de mordant à l'Union Africaine et lui éviter de tomber dans les travers de l'ex OUA, la Libye entend présenter des projets de résolution pour la création de ministères communs de l'UA pour les Affaires étrangères, la Défense, le Commerce extérieur, les Télécoms et le Transport. Hasard du calendrier, ce sommet se déroule les 4 et 5 juillet, soit moins de 72 heures de la très attendue réunion du G8 en Ecosse. Dans ce sens, le sommet de Syrte doit adopter une stratégie africaine commune qui sera, a-t-il indiqué, ''le porte-voix'' de l'Afrique lors de la rencontre des grands de ce monde. La présence du secrétaire général des Nations Unies, le Ghanéen Koffi Annan, celle du président de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Barroso, confère un cachet particulier à cette messe politique en terre libyenne. Mais le discours que devait prononcer M. Annan, à l'ouverture du sommet, sur «la responsabilité de l'Union Africaine de protéger les populations des génocides, des crimes de guerre et des opérations de nettoyage ethnique», risque de se heurter à l'opposition des dirigeants africains qui craignent que ce rôle concédé à l'Union ne puisse justifier des ingérences extérieures dans les affaires de leurs pays. Dans tous les cas, les guerres qui endeuillent le continent seront bien à l'ordre du jour. Pour les analystes, ce sommet doit permettre au colonel Mouammar Kadhadi de jouer un rôle plus important en Afrique et au-delà, obtenir plus d'influence dans le monde. La Libye serait prête pour cela à revoir à la hausse sa contribution dans le financement de l'Union, en faisant jeu égal avec l'Afrique du Sud (plus gros contributeur avec 15% du budget de l'Union). Un sacrifice à la portée de Jamahiriya qui dispose de réserves pétrolières estimées à 36 milliards de barils. A noter la présence durant ce sommet du Zimbabwéen Robert Mugabe, pris à part récemment par Georges Bush mais qui continue de bénéficier d'un soutien discret de Tabo Mbeki et de la plupart de ses pairs africains. Egalement attendus en Libye, le Gabonais El Haji Omar Bongo Odimba, le Nigérian Olusegum Obosanjo, président de l'Union et assez intéressé par l'un des deux sièges que l'Afrique devra occuper au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies. L'enjeu d'une représentation permanente aux Nations Unies risque de mettre aux prises ce grand pays d'Afrique avec le Sénégal, officiellement candidat. «Il ne s'agit pas d'une affaire de démographie», déclarait le président Abdoulaye Wade, invité par la nouvelle chaîne panafricaine cryptée Afric câble (Mali). Le président Wade s'est longuement attardé sur les droits de l'Homme, l'implication dans la résolution des conflits dans le continent (deux points sur lesquels son pays brille) comme critères à intégrer dans la sélection des candidats africains. En raison du nombre de candidats, le match est loin d'être joué.