Présidente de l'association «Reins», Pr. Amal Bourquia vient de dévoiler les résultats de la première étude sur l'hémodialyse et la greffe rénale au Maroc. Le coût global du traitement des malades s'élève à 809 millions de dirhams. Entretien. ALM : Vous venez de réaliser une étude pharmaco-économique sur l'hémodialyse et la greffe rénale au Maroc. Quels sont les résultats que vous avez obtenus ? Pr. Amal Bourquia : D'abord, il faut préciser que cette étude a été menée dans l'intention d'obtenir des résultats chiffrés concernant le problème de l'insuffisance rénale au Maroc, notamment sur le plan financier. Rappelons, dans ce sens, qu'une séance d'hémodialyse coûte 900 dirhams et qu'un malade a besoin de trois séances par semaine. Annuellement, le montant avoisine les 140.400 dirhams. Une personne souffrant d'une insuffisance rénale représente, en fait, une lourde charge financière pour sa famille. Pour cette première étude pharmaco-économique sur l'hémodialyse et la greffe rénale, le coût global du traitement est estimé à 809 millions de dirhams, dont une grande partie est absorbée par le matériel de l'hémodialyse importé. D'ailleurs, ce coût supporté par les mutuelles, les assurances, mais aussi les bienfaiteurs, ira crescendo dans les prochaines années. Actuellement, on estime à 10.000 le nombre de personnes atteintes d'insuffisance rénale, tandis que le nombre de malades hémodialysés a été de 3.900 à fin 2004. Avec un taux d'incidence de 100 nouveaux cas par an, le Maroc devrait accueillir chaque année 3000 personnes souffrant d'insuffisance rénale. À partir de ces constatations, et sachant que le nombre de malades est cumulatif, la solution qu'il faut est la greffe. Vous avez démontré qu'une greffe rénale a d'énormes avantages par rapport à un traitement ordinaire. Comment ? Effectivement, une greffe rénale est plus efficace que des séances hémodialyses coûteuses et contraignantes. D'abord, une greffe ne nécessite que 12 mois de traitement. Pour le coût d'une transplantation sans complications, il est estimé à seulement 250.000 dirhams, en plus de 8.000 dirhams de traitement suivant l'année de greffe. C'est ainsi qu'une personne souffrant d'insuffisance rénale retrouvera sa santé et pourra reprendre son travail de façon normale. Cette étude révèle également que le suivi des séances de l'hémodialyse se répercute sur le rendement des malades. Avec 4 heures pour chaque séance, soit 40 heures mensuellement, la baisse du taux de rentabilité est de 50 %. Vous avez également mené un sondage d'opinion à propos de la perception du prélèvement et de la transplantation d'organes, dont le résultat est négatif. À votre avis, qu'est ce qui explique cette réaction ? Grosso modo, il y a un manque d'information concernant les opérations de greffe. Pour des raisons purement sociologiques, les gens sont un peu réticents quant au don d'organes. C'est pour cette raison que nous tenons à informer le grand public aux avantages des greffes rénales. Nous comptons également sensibiliser les bienfaiteurs en leur convaincant qu'investir dans une greffe est plus important que dans l'hémodialyse. Que prévoit la loi en matière de greffe d'organes humains ? En manière de greffe d'organes humains, les textes de loi existent. Et ce soit pour les donneurs vivants ou pour des sujets en coma avec mort cérébral. En fait, les textes définissent les droits des donneurs et des bénéficiaires d'organes. Ce qui handicape le recours à cette option, au lieu de dépenser tant d'argent à vie pour l'hémodialyse, est le manque d'information autour de ce genre d'opérations.