En raison de la forte demande locale sur le fournisseur indien, les commandes du Brésil et de l'Arabie Saoudite également perturbées C'est un remake de la pénurie des masques et gel au début de la pandémie. Une forte demande sur les vaccins contre le Covid-19 risque de perturber les chaînes d'approvisionnement. Le Maroc ne déroge par à la règle. L'agence de presse britannique vient d'annoncer une perturbation dans le calendrier de livraison du vaccin du laboratoire britanico-suédois, Astrazeneca fabriqué en Inde par l'India Serum Institute. Ce dernier aurait déjà informé trois pays en l'occurrence le Brésil, l'Arabie Saoudite et bien évidemment le Maroc d'un chamboulement dans son calendrier de livraison en raison d'une forte demande en interne. L'Inde qui fait partie des pays les plus touchés au niveau mondial mène également une large campagne de vaccination. Aussi, des travaux pour porter la capacité de production du fabriquant indien de 60 millions de doses par mois et 100 millions mensuellement est également pour beaucoup dans ce retard de livraison. Si l'India Serum Institute doit être capable dès les mois d'avril-mai d'augmenter ses capacités de production et donc de fournir ses clients comme le Maroc plus rapidement, le Royaume tente, en attendant, de diversifier ses sources d'approvisionnement. L'enjeu pour le Maroc est de maintenir des stocks suffisants pour continuer un rythme soutenu de vaccination. Dans ce sens, le ministre de la santé avait annoncé, il y a quelques jours, une commande d'un million de doses du vaccin russe Spoutnik V. Espacer les doses En attendant de recevoir les doses nécessaires, une autre piste est en train de faire son chemin dans les milieux scientifiques, à savoir l'espacement des deux doses. Dans ce sens, le médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, Dr Tayeb Hamdi, estime qu'un espacement de 12 semaines des deux doses du vaccin anti-Covid-19 AstraZeneca-Oxford, au lieu de 4 semaines actuellement, s'avère opportun pour vacciner et protéger plus de personnes. Dans une analyse consacrée aux «Contraintes d'approvisionnement en vaccins: les défis et les solutions alternatives», ce scientifique a appelé à ne vacciner que d'une seule dose les personnes qui ont déjà été infectées, 3 à 6 mois après la survenue de la maladie. «Car cette première dose jouerait un rôle de rappel et permettra de booster une immunité déjà enclenchée par l'infection, ce qui permet de vacciner d'autres personnes prioritaires», a-t-il expliqué. Cette approche aiderait à vacciner et protéger plus de populations dans des périodes plus courtes, tout en gagnant des doses qui serviraient à vacciner plus largement, a poursuivi Dr Hamdi, soulignant que face aux contraintes d'approvisionnement en vaccins, tous les pays sont amenés à chercher des solutions alternatives pour déjouer les risques liés à la pandémie, en attendant des immunités collectives. Au Maroc les acquis d'une campagne vaccinale réussie et d'une population jeune facilitant la protection rapide des groupes vulnérables ne dispensent pas d'une telle réflexion face aux risques d'une reprise de l'épidémie, des défis des variants et de l'épuisement de la population, a prévenu ce chercheur en politiques et systèmes de santé.