Au moment où le rythme de la campagne de vaccination baisse, les hypothèses pessimistes sur un possible retard de livraison se multiplient. Le ministère de la Santé reste confiant. Dans un climat mondial de forte concurrence sur les vaccins, l'approvisionnement du Royaume est susceptible d'être perturbé par plusieurs retards de livraison. En plus de Sinopharm qui semble très discret sur les prochaines livraisons, c'est du « Serume Institute of India », que viennent de mauvaises nouvelles. Le Laboratoire indien devrait repousser les échéances de livraisons pour plusieurs pays. L'annonce a été faite par l'Agence Reuters, en se basant sur les responsables proches du fournisseur. Selon la même source, plusieurs pays sont concernés par de potentiels retards de livraison, à savoir l'Arabie Saoudite, le Brésil et le Maroc. Cette décision serait due à une forte demande du vaccin en Inde pour sa propre campagne de vaccination, à laquelle doit répondre le laboratoire par une hausse de la production, explique la dépêche de Reuters. L'Agence ajoute qu'il est reproché au laboratoire d'exporter de grandes quantités du vaccin d'oxford, aux dépens des besoins du pays où il est fabriqué. « Le laboratoire a vendu plus de doses que celles qui ont été administrées aux indiens, dont le pays est parmi les plus infectés au monde », poursuit la même source. Au Maroc, pas de raison pour paniquer L'approvisionnement du Royaume est-il mis en jeu ? Absolument pas, apprend-t-on de sources bien informées, qui nous ont précisé qu'il ne faut pas craindre l'annonce de Reuters, puisque les autorités marocaines seraient avisées par le Laboratoire, en cas de retard de livraison. En effet, les prochains arrivages sont prévus dès le mois d'avril, à moins d'événements imprévus. Le Maroc semble prendre en compte la possibilité d'un ralentissement de l'approvisionnement, en diversifiant les sources. Le ministère de la Santé avait passé une commande d'un million de doses du vaccin russe Spoutnik-V, après lui avoir accordé une autorisation d'utilisation d'urgence, suite à un avis favorable du comité scientifique. En même temps, le Royaume est en cours d'examen du vaccin de Johnson & Johnson, qui n'est pas encore autorisé officiellement, faute de données suffisantes, quoiqu'il soit approuvé par le Comité scientifique. Il s'agit de mesures préventives pour assurer la continuité de la campagne de vaccination dont la cadence a visiblement baissé ces dernières semaines. En témoigne la baisse du nombre quotidien des personnes ayant eu la première dose, qui a chuté à 5355 samedi. Cette baisse s'explique par la hausse des injections des deuxièmes doses, sachant qu'elles augmentent au fur et à mesure que le temps passe. Samedi, plus de 71 032 personnes ont achevé leur vaccination, poussant ainsi le nombre des personnes immunisées contre le Covid-19 à près de 2,8 millions. Le Maroc a donc le double défi s'assurer suffisamment de doses pour injecter les premières doses et respecter simultanément les rendez-vous des deuxièmes injections. Repères Astrazeneca : la Concurrence à tout va
Après avoir remis en cause à plusieurs reprises la sécurité du vaccin d'AstraZeneca, plusieurs pays européens ont fini par reprendre l'usage du vaccin d'Oxford. Très en retard dans leur campagne, les européens augmentent la pression sur le Laboratoire sudéo-britannique pour tenir ses engagements de livraison, au point de recourir aux injonctions. La commission européenne n'a pas hésité à menacer de bloquer toutes les exportations d'Astrazeneca si l'UE ne reçoit pas les doses commandées. Une mesure qu'avait déjà prise l'Italie qui avait bloqué l'exportation d'un lot de 250 000 doses vers l'Australie. Prolonger la durée entre les deux doses
Face au risque de pénurie, plusieurs experts comme Tayeb Hamdi ont préconisé de prolonger la durée qui sépare des deux doses, expliquant que cela n'aura aucun impact sur l'immunité. Dans une analyse consacrée aux "contraintes d'approvisionnement en vaccins : les défis et les solutions alternatives", le chercheur en politique et systèmes de Santé a proposé à prolonger de trois mois la durée entre les deux injections, expliquant que les études ont montré l'efficacité d'Astrazeneca dès la première dose.