Si les indicateurs épidémiologiques au Maroc sont globalement stables, certains signaux commencent à inquiéter. En tout cas, la dernière sortie du directeur du laboratoire de biotechnologie relevant de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, Pr Azzeddine Ibrahimi, évoque des données potentiellement inquiétantes. «Les chiffres d'infection que nous voyons maintenant sont stables, car nous n'avons pas encore atteint la propagation exponentielle de la souche britannique, que nous verrons certainement dans les semaines à venir… et ici je dois préciser que la souche britannique se propage et que la mutation E484K a commencé à apparaître au Maroc. Dans un travail en cours et tout au long de l'année, nous avons analysé plus de 200 génomes du virus et les avons décodés en laboratoire. A travers cette recherche, il est évident que l'émergence de souches mutées a augmenté depuis février, et nous avons identifié tous leurs types au Maroc», a expliqué le Professeur dans un dernier post sur sa page Facebook. Face aux appels de plus en plus pressants de la part de certaines catégories socioprofessionnelles pour l'allègement des restrictions à l'approche du mois de Ramadan, le directeur du laboratoire de biotechnologie relevant de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat appelle de son côté à la vigilance tout en rappelant la détérioration de la situation sanitaire et épidémiologique constatée après la première levée de restrictions sanitaires au cours de la fête du sacrifice l'année dernière. E484K Les inquiétudes du Pr Ibrahimi sont compréhensibles du fait de la dangerosité de la mutation baptisée E484K. Cette dernière caractérisait au cours des derniers mois surtout les variants sud-africains et brésiliens. Puis cette mutation a été détectée également dans les variants britanniques. Selon de nombreux scientifiques occidentaux, la mutation E484K rend le virus du Covid-19, 13 fois plus apte à s'accrocher aux cellules du corps. Ces modifications donnent, selon les mêmes scientifiques, une capacité au virus pour résister aux anticorps de l'organisme notamment chez les personnes déjà immunisées ou vaccinées. Reste à savoir si les autorités compétentes vont alléger les restrictions sanitaires avant le mois sacré ou si ces dernières seront maintenues au vu des derniers développements marqués par la propagation des variants et mutations sur le sol national. «Enfin et malgré mon optimisme prudent, cette lecture personnelle des choses montre clairement que toute décision future doit être scientifique en premier lieu et tenir compte de notre priorité depuis le premier jour face à la pandémie, à savoir la vie de tout Marocain n'a pas de prix», a conclu le Pr Ibrahimi dans son post sur les réseaux sociaux. Il faut dire que l'une des grandes difficultés rencontrées depuis le déclenchement de la pandémie concerne l'impact économique des restrictions sanitaires. L'allègement des restrictions peut donner une bouffée d'oxygène à certains secteurs économiques mais le coût sur le plan sanitaire peut être non négligeable…