Le rapport global du Haut commissariat aux Réfugiés (HCR) pour l'année 2004 s'est, pour la première fois, démarqué des chiffres algériens établissant à 165.000 personnes le nombre des populations vivant dans les camps de Tindouf, au sud de l'Algérie. Le Rapport, rendu public mardi dernier à Genève, fait état d'une "préoccupation grandissante au sujet du nombre exact" des populations des camps de Tindouf et met en exergue, pour la première fois également, les "appels en faveur de leur enregistrement global". Ce rapport marque ainsi un tournant important par rapport aux précédents documents du HCR en se démarquant des estimations algériennes de 165.000 personnes, et ce en les ignorant purement et simplement. Il réaffirme que "les démarches vont se poursuivre pour l'enregistrement de ces populations en 2005". Cette 7ème édition du rapport global décrit les faits nouveaux, les problèmes rencontrés et les progrès accomplis pour la recherche des solutions durables aux personnes relevant de la compétence du HCR dans les principales régions du monde, et ce en prévision de la réunion de son Comité permanent, prévue à la fin de ce mois. L'importance accordée cette année par le HCR à l'impératif de l'enregistrement des populations des camps de Tindouf est le résultat des demandes récurrentes du Maroc, depuis trois décennies, devant les instances exécutives. L'absence d'enregistrement de cette population est atypique par rapport à la situation assistée par le HCR à travers le monde. En effet, elle n'a été ni recensée, ni n'a bénéficié des procédés usuels du HCR en matière de recensement, notamment les techniques modernes, de biométrie ou d'identification sécurisée (Project Profile) déjà opérationnelles, depuis 2004, dans plus de 15 pays africains. Le HCR se contentait, jusqu'à ce jour, de reprendre régulièrement les estimations avancées par l'Algérie, lesquelles sont largement exagérées et statiques depuis plus de deux décennies. Il convient de rappeler que le Maroc avait déclaré, le 9 mars dernier, devant la 32ème session du Comité Permanent du HCR, que les populations des camps de Tindouf représentent moins que la moitié des chiffres avancés par le pays hôte et utilisés par le HCR. Il a, en outre, exhorté cette institution humanitaire à s'acquitter de son mandat en matière d'enregistrement afin d'évaluer leurs besoins réels en aide alimentaire et éviter ainsi son détournement par les responsables du "polisario". Des sources diplomatiques à Genève confirment que plusieurs pays donateurs se sont joints à cet appel en faveur de l'enregistrement des populations des camps sur ce territoire algérien. Par ailleurs, le rapport s'attarde sur les mesures de confiance (CBMs), et rappelle la volonté des parties concernées pour leur poursuite pendant l'année 2005. Il reconnaît explicitement, et pour la première fois, que "Les CBMs n'étaient pas prévues pour être liées à toute option politique qui pourrait régler le différend sur le Sahara, mais elles étaient, plutôt, conçues pour satisfaire les besoins humanitaires des populations des camps qui ont déjà souffert des effets d'une séparation prolongée". Outre les milliers de sahraouis marocains séquestrés à Tindouf, les prisons du "polisario" et de l'Algérie dans la même région abritent encore 408 détenus marocains dans des conditions inhumaines, au mépris du droit international et des multiples appels de la communauté internationale. M. Roland Huguenin, directeur au comité international de la Croix rouge (CICR) qui s'exprimait dimanche sur les ondes de la radio BBC, a indiqué que "l'existence d'un grand nombre d'habitants du Sahara occidental dans les camps qui les abritent depuis une longue période et le séjour d'un grand nombre d'entre eux dans des habitations provisoires et instables dans les camps depuis longtemps sont dûs à la crise existant entre le Maroc et l'Algérie et qui n'a pas été définitivement réglée à ce jour". La BBC affirme que les politiciens et les militants des droits de l'Homme inscrivent l'organisation des manifestations et les rassemblements des citoyens marocains devant les consulats et les ambassades d'Algérie dans le cadre des appels pour que l'Algérie règle définitivement le problème de plus de 400 Marocains détenus dans des prisons du front polisario, sur le sol algérien. Le responsable du CICR rappelle que ces détenus marocains sont considérés comme les plus anciens détenus dans le monde. "les détenus dans les camps de Tindouf sont les plus anciens au monde puisqu'ils ont passé de très longues années et la plupart d'entre eux ont été retenus alors qu'ils étaient jeunes. Actuellement, ils sont âgés de plus de quarante ans et cinquante ans et la longue détention a eu chez eux tous des conséquences psychologiques et physiques", dit-il. La radio a également souligné que malgré la persistance du conflit du Sahara depuis 30 ans faisant avorter le projet de l'édification de l'Union maghrébine et causant la mort de dizaines de milliers des fils de la région et la dilapidation de centaines de milliards de dollars des richesses de l'Algérie et du Maroc consacrés à l'armement et aux guerres, les souffrances de dizaines de milliers des sahraouis continuent de part et d'autre et risquent de s'accentuer davantage à cause des intérêts opposés des parties militaires et politiques dans la région, et particulièrement en Algérie et à Rabat.