Le PIB réel devrait rebondir à 4,5 % Secoué par une crise inédite, le continent africain devrait se remettre de la «pire récession économique enregistrée en un demi-siècle. «En 2020, l'activité économique a été limitée en Afrique par une pandémie mondiale sans précédent causée par le Covid-19. Après s'être contracté de 2,1% en 2020, le PIB réel africain devrait croître de 3,4% en 2021», indique la BAD dans son dernier rapport sur les perspectives économiques en Afrique 2021 intitulé «De la résolution de la dette à la croissance : une feuille de route pour l'Afrique». Ce document dévoile les points saillants de cette période, les performances et perspectives dans le contexte de la pandémie ou encore la dynamique de la dette. Par pays, ce document décrypte les évolutions macroéconomiques et financières récentes et dévoile les perspectives et les risques. Défis au développement La croissance du PIB réel devrait revenir à son dynamisme en 2021. La banque prévoit une hausse de 4,5% pour le pays. Durant le troisième trimestre de 2020, les exportations de pièces automobiles ainsi que de phosphate et dérivés ont rebondi et devraient se renforcer davantage à court terme avec l'augmentation de la demande mondiale, souligne la banque précisant que cela compensera probablement «la morosité des secteurs du tourisme, de l'hôtellerie et de la restauration qui devrait perdurer». De ce fait, le déficit de la balance courante et le déficit budgétaire devraient se resserrer, et les pressions inflationnistes devraient rester modérées. Dans son analyse, la Banque africaine de développement n'a pas manqué de mettre en lumière la réflexion sur le modèle de développement dont la mission est assignée à une commission spéciale. Cette initiative permettrait de favoriser une croissance inclusive. En effet, le pays fait face à des inégalités sociales, à des disparités régionales en matière de développement économique ainsi qu'au chômage des jeunes. Confiance des bailleurs de fonds et financements Le Maroc bénéficie du soutien des donateurs. Il a d'ailleurs rapidement obtenu des fonds d'urgence de leur part, dont 3 milliards de dollars US du Fonds monétaire international et 460 millions de dollars US de la Banque africaine de développement afin de juguler l'impact de la pandémie. La BAD rappelle qu'en septembre 2020, le Maroc a émis une obligation d'un milliard d'euros. «Ces apports financiers ont permis de renforcer les réserves de change, représentant environ 8,1 mois d'importations et trois fois la dette due à court terme». Du côté de la dette totale du Trésor, elle atteignait 650 milliards de dirhams en 2019 (environ 73,1 milliards de dollars US) et la dette publique extérieure à 346 milliards de dirhams (environ 39 milliards de dollars US). La banque relève par ailleurs que le risque de refinancement du Royaume est «minime et à partir de 2021, le ratio dette-PIB devrait diminuer régulièrement pour atteindre 70% en 2025». Décryptage d'une année de crise 2020 a été marquée par une crise sans précédent affectant la dynamique économique du continent. Au Maroc, le PIB réel a fléchi de 5,9% après avoir augmenté de 2,5% en 2019. «En plus des effets néfastes d'un confinement strict de trois mois pour contenir la propagation du Covid-19, une sécheresse a également pesé sur les revenus du monde rural, ce qui a encore réduit la demande intérieure», souligne la banque expliquant que la croissance économique dépend des précipitations qui affectent le secteur agricole. En termes d'emplois, le taux de chômage est passé de 9,2% fin 2019 à 12,7% fin septembre 2020. «Les perturbations des chaînes de valeur mondiales et le ralentissement soudain de la demande des principaux partenaires commerciaux du Maroc (l'Espagne, la France, l'Italie et l'Allemagne) ont également réduit les exportations marocaines, qui ont chuté de 10,1% au cours des dix premiers mois de 2020», relève la même source. Parallèlement, le recul de la production intérieure et de la demande des consommateurs a fait que les importations ont baissé de 16,6% en 2020. Par ailleurs, les envois de fonds des travailleurs à l'étranger sont en croissance de 1,7% au cours des dix premiers mois de l'année 2020. Pour ce qui est de la balance courante, le déficit devrait se creuser, passant de 4,1% en 2019 à 7,6% en 2020, essentiellement à cause de la chute des recettes touristiques. Les arrivées de touristes affichent un recul de 78% sur les neuf premiers mois de l'année. «La baisse des recettes touristiques, conjuguée à une demande intérieure modérée, a réduit les recettes fiscales, alors que le gouvernement a engagé des dépenses élevées liées à la pandémie», souligne l'institution financière africaine ajoutant que le déficit budgétaire est passé de 4,1% du PIB en 2019 à environ 8% en 2020. S'agissant de la dette, la Banque explique que «la nécessité de financer le déficit a accru les emprunts, faisant passer la dette publique de 65,8% du PIB en 2019 à 76,9% en 2020».