La dette extérieure des pays en développement a connu une expansion vertigineuse ces dernières années : de 100 milliards de $ en 1973, elle est passée à 1,7 Trillion de $ en 1999, et 2,5 trillions de $ en 2003. Cette dette avait commencé à se développer après le premier choc pétrolier de 1973, qui avait entraîné une augmentation considérable des matières premières agricoles et minérales. Les pays en développement, croyant que cette augmentation des matières premières allait être durable, se sont endettés fortement pour de longues périodes et à des taux d'intérêt élevés. Petit à petit, le remboursement de la dette extérieure est devenu insoutenable pour la plupart des pays en développement, tant au niveau du principal que des intérêts. Ces remboursements s'effectuaient par une ponction substantielle du budget des Etats débiteurs, réduisant les dépenses en investissements et les programmes sociaux. C'est alors que plusieurs Etats débiteurs étant dans l'impossibilité de rembourser, ont demandé des rééchelonnements de leur dette. D'autres ont pu obtenir la conversion de la dette en investissements, réduisant ainsi partiellement l'encours. Mais de plus en plus de voix se sont élevées, émanant surtout de la Société civile, pour demander l'annulation pure et simple de la dette des pays en développement, dont le remboursement étrangle toute volonté de développement de ces pays. En effet, les pays les plus endettés regroupés au sein du G77, qui rassemble en fait 132 pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique Latine et des Caraïbes, n'ont cessé lors des Sommets de la Havane et de Doha de réclamer l'annulation de la dette de tous les pays en développement. Les arguments présentés ne peuvent soulever aucune contestation. Les pays du G77 qui représentent 80% de la population mondiale, ne bénéficient que de 40% su PIB mondial. Trois milliards de personnes vivent dans ces pays avec moins de 2 $ par jour. Enfin, l'aide publique des Etats riches qui avait été fixée il y a trente ans à 0,7% du PIB, n'atteint actuellement que 0,2% du PIB. Une première réponse positive vient enfin d'être donnée par le G8 qui regroupe les pays les plus riches du monde : USA, Canada, Japon, France, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne et Russie. En effet, sous l'impulsion de la Grande-Bretagne, l'action déterminée de Tony Blair et de son ministre de l'Economie et des Finances Gordon Brown, le G8 vient de décider l'annulation de la dette de 18 pays les plus pauvres représentant 40 milliards de $ : 15 pays africains : Bénin, Burkina Faso, Ethiopie, Ghana, Guyane, Madagascar, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Rwanda, Sénégal, Tanzanie, Ouganda, Zambie et 3 pays sud- américains : Bolivie, Honduras et Nicaragua. La seconde tranche concernera 9 autres pays: Cameroun, Tchad, République Démocratique du Congo, Gambie, Guinée, Guinée- Bissau, Malawi, Sao Tome et Principe et Sierra leone. Enfin, il est envisagé d'étudier l'annulation de la dette de 80 autres pays. La seule conditionnalité à cette annulation de dette, est le développement de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. On ne peut que se réjouir de cette mesure d'allégement de la dette des pays les plus pauvres, mais nous pensons qu'il faudrait l'étendre également aux pays intermédiaires. Ces derniers ont fait des efforts énormes pour respecter leurs engagements. Une telle mesure équitable leur permettrait un véritable décollage économique et social, en consacrant plus de moyens aux investissements et au développement social de leur population. C'est le cas du Maroc qui a respecté tous ses engagements vis-à-vis de ses créanciers, et qui a pu grâce à une politique dynamique de gestion de la dette externe, de la ramener actuellement à 7 milliards de $. • Jawad Kerdoudi Président de l'IMRI (Institut marocain des relations internationales)