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Saâd Ghannam : «L'Etat ne veut pas nous entendre»
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 15 - 06 - 2005

Conseiller au sein de l'Association des familles des victimes des événements de Skhirat, Saâd Ghannam est également le fils d'Omar Ghannam, directeur du Centre cinématographique marocain, assassiné à Skhirat. Revenant sur le drame et la misère qui s'en est suivie, il déplore également l'inaction des autorités. Entretien.
ALM : Comment avez-vous personnellement, ainsi que votre famille, vécu le drame des événements de Skhirat?
Saâd Ghannam : Il est évident qu'un tel souvenir n'est pas facile à vivre. La mort de mon père dans de telles circonstances me hante jusqu'à aujourd'hui. Son souvenir me colle à vie. Jamais je n'oublierai cette image de mon père, ramené à la maison, complètement défiguré. Jamais je n'oublierai ce moment où on lui a ôté son costume d'été pour voir un corps sans âme, criblé de balles. Comme je ne suis pas prêt d'oublier l'image de ma mère, alitée pendant plus de trois mois après la tuerie et qui a été obligée de faire face, seule, aux affres de la vie et subvenir aux besoins de ses quatre enfants. La misère que nous avons vécue par la suite, ponctuée par des indemnités tout aussi misérables, de l'ordre de 376 dirhams, revalorisées bien après à 600 DH, n'a pas été pour alléger nos souffrances. Même situation pour la quasi-totalité des familles des victimes, les rares familles privilégiées, avec des pensions de 2000 Dh mises à part, qui ont été obligées de survivre avec des indemnités allant de 400 à 600 DH.
Au regard du débat actuel sur les droits de l'Homme et les années de plomb, quel est votre sentiment à l'égard de ceux qui ont participé au putsch de Skhirat, désormais libres et rétablis dans leurs droits?
Nous nous sommes déjà exprimés sur ce point et à plusieurs reprises. Sans être contre l'ouverture du pays sur les principes des droits de l'Homme et la réparation des victimes des années de plomb, tout ce que nous demandions, c'est que ceux qui avaient participé au putsch de Skhirat fassent preuve d'un minimum de décence. Au lieu de s'estimer heureux d'avoir bénéficié de la grâce royale, certains, dont Mohamed Merzouki et Mohamed Raïss, ont poussé l'insolence jusqu'à tirer fierté d'avoir tué des innocents. C'est le cas de Raïss qui a ouvertement revendiqué le meurtre du capitaine Asli.
Maintenant, le mal est fait. Et ce qui nous importe au sein de l'association, c'est que cette souffrance prenne fin ou, au moins, qu'elle soit reconnue et un tant soit peu réparée.
Qu'avez-vous entrepris pour que les victimes soient écoutées auprès du grand public?
Ce que nous allons faire, c'est rendre public, très prochainement, un documentaire où toute cette souffrance est filmée. Une souffrance aussi injustifiée que muette. Ce documentaire, fruit de plusieurs mois de travail et de la générosité de quelques âmes charitables, montre à quel point les familles des victimes vivent les conditions de vie les plus atroces. Un bon nombre des 71 familles sur lesquelles nous avons des données complètes, sur un total de 100 familles ayant perdu un de leurs membres dans le putsch manqué de Skhirat, vivent dans une misère totale, dans des baraques qui leur servent de toit et des petits travaux qui leur servent de source de revenu. Ceci, alors que ces personnes devaient êtres des pupilles de la nation. Leurs pères et maris ne sont pas morts n'importe où, mais au Palais royal.
Où en êtes-vous sur le registre des indemnisations?
Pour leur réparation, les victimes ont frappé à toutes les portes, soit individuellement soit dans le cadre de l'action de l'association. Des documents ont été réunis, de quoi faire une thèse, et envoyés à toutes les instances concernées par le dossier. Mais aucune n'a répondu. L'Etat ne veut pas nous entendre. A part les indemnités de fonds de tiroir précitées, aucune mesure de réparation n'a été envisagée. Cela, alors que Feu Hassan II avait officiellement demandé à ce que les familles des victimes des événements de 1971 soient indemnisées. Mais on en avait décidé autrement à l'époque, en faisant passer une circulaire bloquant un processus qui n'aura finalement jamais commencé.
Parmi vos actions, figure la recherche de la vérité sur ce qui s'est exactement passé le 10 juillet 1971…
Là encore, toutes les sources officielles disposant d'informations fiables refusent de nous aider. On n'a pas réussi à répertorier un bon nombre de victimes.
En quoi se résument vos demandes ?
Nos demandes se résument en des points aussi légitimes que bien simples. Tout ce que nous voulons, c'est que des mesures d'indemnisations pour tout le préjudice subi soient mises en place. Les victimes et leurs familles devraient également être réhabilitées dans leur dignité et leurs droits. Les pensions mensuelles, une aberration en soi, sont à reconsidérer. Les veuves encore en vie, et de par leur âge avancé et la misère dans laquelle elles vivent, doivent être prises en charge sur le plan médical. Ce qu'il ne faut pas oublier dans tout cela, c'est que toute l'affaire est une affaire-préjudice. D'Histoire également. Et celle-ci ne pardonne pas.


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