C'est aujourd'hui mardi, 31 mai, que le Maroc célèbre, à l'instar du monde entier la journée mondiale sans tabac. Cette fois-ci, les feux de la rampe sont braqués sur les professionnels de la santé. Au Maroc, le tabac reste la cause directe des maladies respiratoires graves, du cancer ORL, du cancer des poumons et de certaines maladies cardiovasculaires. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le tabac cause la mort de quelque cinq millions de personnes par an à travers le monde et représente le seul produit légal qui provoque la mort de la moitié de ses utilisateurs réguliers. Cette année, l'OMS célèbre la Journée mondiale sans tabac sous le signe de l'engagement des professionnels de la santé contre le tabac. En fait, une enquête mondiale sur le tabac chez les professionnels de la santé, initiée par l'OMS, en collaboration avec le CDC (Centers for Disease Control and Prevention - Centres pour la lutte contre les maladies et leur prévention), a démontré que la consommation de tabac est souvent élevée au sein de cette catégorie socio-professionnelle. D'ailleurs, cette catégorie-là précisément est au fait des dangers de la dépendance tabagique. L'enquête mondiale sur le tabagisme chez les professionnels de la santé a été ainsi conduite à l'échelle nationale auptès tous les médecins généralistes et spécialistes du secteur public. L'objectif final de cette enquête était de déterminer la prévalence et les attitudes vis-à-vis du tabagisme chez les médecins et de faire une campagne de sensibilisation et d'information sur le rôle que peut jouer le médecin dans la lutte antitabac. Au Maroc, le taux de participation était de 84,8 %, avec 41,1 % de femmes et 58,8 % d'hommes. 39 ans est l'âge moyen des médecins ayant participé à cette enquête. Les résultats de cette enquête indiquent que 19,1 % des médecins sont des fumeurs. Ce pourcentage est plus élevé chez les hommes (30,7 %) que chez les femmes (2,7 %), ainsi qu'en milieu rural (20,9 %) et suburbain (26,5 %) par rapport au milieu urbain (18,1 %). L'âge moyen du début du tabagisme est de 23 ans. Quant aux pays arabes, la prévalence des médecins fumeurs est de 18,4 % au Koweït, 30 % au Soudan, 16 % en Iran, 14 % au Bahreïn et 10 % à Oman. L'enquête nationale sur le tabac auprès des professionnels de la santé révèle également que 79 % des médecins fumeurs enquêtés déclarent qu'ils sont prêts à arrêter de fumer et qu'ils sont censés donner l'exemple à leurs patients. Rappelons qu'au Maroc, la loi interdit l'usage du tabac dans les lieux publics ainsi que toute forme de publicité faisant la promotion du tabac. « Concernant la loi antitabac marocaine, relative à l'interdiction de fumer dans les lieux publics et à l'interdiction de la propagande et la publicité en faveur du tabac, deux médecins sur trois confirment qu'elle n'est pas appliquée et affirment l'absence de toute autre politique de lutte antitabac dans les lieux de travail », précise le rapport de cette enquête. Il faut noter que le Maroc est signataire de la convention-cadre de lutte antitabac. Cette loi s'inscrit dans les efforts de l'OMS pour faire diminuer la mortalité due au tabac dans le monde. Il s'agit en fait du premier traité international en matière de santé publique. Les principales dispositions de ce texte concernent la publicité : «Chaque partie, dans le respect de sa Constitution, instaure une interdiction globale de toute publicité en faveur du tabac et de toute promotion et de tout parrainage du tabac". Elles concernent aussi l'étiquetage et la vente. En célébrant cette journée mondiale avec un zoom sur les professionnels de la santé, l'OMS démontre que le tabac touche même ceux qui connaissent parfaitement ses effets négatifs.