Jean Paul Rebatet coach actuel de l'équipe nationale de basket-ball était déjà un joueur de l'ASS dans les années 70, puis professeur à l'institut Moulay Rachid avant de prendre les commandes des Lions de l'Atlas en 1980 les conduisant à la 3ème place lors du championnat d'Afrique à Rabat. ALM : Comment trouvez-vous le niveau des éléments qui pratiquent le basket-ball au Maroc? Jean Paul Rebatet : Par rapport au championnat national, les basketteurs ont un bon niveau puisqu'ils mettent en évidence leur valeur toutes les fois qu'ils évoluent. Mais par rapport aux exigences internationales, leur niveau est insuffisant, et c'est dans ce sens-là que nous sommes en train de travailler pour aboutir aux résultats escomptés. A cet égard, un programme très bien défini concernant la qualité, physique, défensive, adresse, sélection de shoots, lecture de jeu, jeu de passe et le mental est mis en place. Il y a un déficit dans toutes ces qualités indispensables pour jouer et être performant au niveau international. A titre d'exemple, je dirais que l'on ne peut pas gagner un match international en manquant 15 lancers-francs sur 30 – 50%. En perdant 25 ballons en acceptant 15 rebonds offensifs en perdant plus de paniers à 3 points qu'à 2 points à 14% de réussite, en ne manifestant pas des qualités morales exemplaires et bien évidemment en ratant des paniers faciles par non application ou source de faire spectacle. Après les stages effectués et les matches amicaux, est-ce que le niveau des joueurs s'est amélioré ? Tout d'abord, nous incitons les joueurs à travailler méthodiquement tout en se concentrant à 200% sur ce qu'ils ont à faire. Ceux qui s'adaptent sont les éléments qui nous intéressent le plus. Je dirais que le groupe a sans aucun doute évolué parce qu'on ne fait pas importe quoi car à ce niveau l'erreur se paye «cash» au championnat. Quel serait le comportement de la sélection nationale lors des éliminatoires de la CAN au Maroc. Il est difficile de faire des pronostics. Mais la succession de stages et des matches doit amener une évolution. Il est à signaler que les adversaires aussi travaillent dans ce sens et vont déployer tous leurs efforts pour recruter d'autres éléments absents aux Jeux Islamiques. J'espère simplement retrouver les joueurs au même niveau qu'à la fin des jeux. A Tourcoing, nous avons trouvé de grandes difficultés à recruter des éléments aussi bien qu'en décembre à Nantes. Certains joueurs évoluant en France et aux USA devraient nous aider. Pour dépasser les caps Tunisie et Libye, il faut être plus fort défensivement pour se qualifier sans problème. Quel jugement portez-vous sur l'équipe nationale des années 80 et celle d'aujourd'hui ? Il n'est pas très difficile de comparer les deux générations. Les basketteurs d'aujourd'hui présentent plus de physique, de taille mais certainement moins de dextérité et d'instinct dans le jeux. En ce qui concerne la qualité et adresse, les joueurs des années 80 étaient plus adroits naturellement à l'image de Driss El Houari, Hachad, El Guers. Ils passaient certainement beaucoup de temps sur les terrains à shooter. Si les nouveaux avaient hérité ces qualités de leurs prédécesseurs, notre sélection sera la meilleure. Quels sont les conseils à prodiguer à la DTN pour l'amélioration du niveau de basket-ball au Maroc ? Je sais que le président de la FRMBB et le DTN sont conscients des difficultés du basket marocain. Mon analyse concernant le développement du basket-ball est simple. Autrefois, les joueurs jouaient en tant que simples amateurs en parallèle avec le travail qu'il exerçaient. Aujourd'hui, le Maroc est rentré dans une autre phase, celle du professionnalisme puisque tous les joueurs exigent de l'argent pour jouer. Autrement dit, le basket-ball est devenu au Maroc un gagne pain. Mais en échange, les responsables de clubs doivent prendre conscience de cette nouvelle donne en demandant, en contrepartie, des entraînements quotidiens et bien entendu le résultat qui en découlera. Quelles sont les chances du Maroc pour la qualification à la CAN 2005 ? On n'a pas d'autres alternatives que la qualification, mais ce n'est pas suffisant. Je veux que l'équipe montre une image positive autant dans le comportement individuel que collectif, et je ne veux pas de joueurs moribonds mais des guerriers. Car aller à Alger aux phases finales ne sera certainement pas pour faire de la figuration, mais pour une place qui honorera notre basket-ball national.