Les producteurs nationaux de fibre de polyester discontinue de rembourrage tirent la sonnette d'alarme quant à l'annulation de l'augmentation des droits de douane de 2,5% à 17,5% à appliquer sur l'importation de ce produit, tel que stipulé dans le projet de loi de Finances 2021. Ils revendiquent en revanche une révision à la hausse de cet amendement faisant ainsi passer l'augmentation de 15,5% à 30%. L'enjeu étant de préserver la production locale en ce contexte de crise et la rendre plus compétitive face à la concurrence étrangère. Retour sur les principaux points contestés. Une décision à l'encontre de la préférence nationale L'abrogation de l'augmentation des droits de douane sur l'importation du polyester discontinu de rembourrage a été portée par un groupe parlementaire de la majorité (amendement n°4). Indignés par cette demande, les industriels estiment que cette décision porte préjudice aux producteurs nationaux et ne respecte en aucun cas l'orientation de la «préférence nationale» promue en ce contexte de crise. C'est d'ailleurs ce dont témoigne Abdeslam El Eulj, président-directeur général de Famaclor, parmi les principales unités de production au niveau national (un investissement de 120 millions de dirhams, 160 emplois directs et 4.000 indirects). S'exprimant à ce sujet, M. Eleuj indique que «l'annulation de l'augmentation des droits de douane (de 2,5% à 17,5%) va à l'encontre du principe de protection de la production locale. Ce qui serait en porte-à-faux avec les efforts de maîtrise des importations, notamment à travers la sensibilisation des opérateurs pour ralentir le rythme d'importation et le relèvement des droits d'importation observé dans plusieurs secteurs d'activités, hors zones de libre-échange, en vue de renforcer la protection de la production nationale et encourager la substitution des importations par la production locale, comme stipulé dans le projet de loi de Finances 2021. Et d'ajouter : «Un amalgame est entretenu entre les différentes fibres, en l'occurrence celles qui sont destinées au textile et l'autre au rembourrage. Nous pensons que les députés n'ont pas compris les enjeux et cela ne les déresponsabilise pas face aux risques qu'ils font courir au secteur. Quatre ans de pourparlers de longue haleine et de concertation avec les ministères et la douane, le ministère de tutelle, ont été nécessaires pour qu'une timide mesure susceptible de nous donner une bouffée d'oxygène figure dans le PLF 2021». Quel impact ? D'après les industriels, l'annulation de l'augmentation de droits de douane creuserait davantage le déficit de la balance commerciale et aurait un impact négatif sur la réserve des devises. L'enjeu étant d'éviter une fuite d'environ de devises d'environ 150 millions de dirhams par an. Cette décision mettra en péril des investissements marocains au profit des sociétés étrangères et freinera la création d'emplois directs et indirects au Maroc, notamment en cette conjoncture. Les industriels alertent également sur les conséquences écologiques d'une telle décision. Elle aurait un impact néfaste sur l'environnement et sur le tissu économique national du fait du non-traitement des déchets PET (Polytéréphtalate d'éthylène), considérés comme étant des bombes écologiques. Toutefois, si cette augmentation est confirmée, elle appuiera la démarche environnementale prônée par le Maroc, notamment en termes de valorisation des déchets industriels. Les producteurs rappellent par ailleurs qu'ils sont toujours en attente de la création d'une vingtaine de centres de tri pour faciliter la fourniture de matières premières et bouteilles en plastique à leurs unités de valorisation. L'impératif étant de contrôler le rendement de ces centres et destiner leurs productions exclusivement aux industriels en règle vis-à-vis des normes environnementales. Rappelons que la fibre de polyester est une matière artificielle synthétique très utilisée dans l'industrie textile et de l'ameublement, pour le rembourrage. Elle est produite à partir des bouteilles en plastique recyclées.