Dans un communiqué publié, mercredi 25 mai 2005, l'Amicale Hassanienne des magistrats a dénoncé les atteintes portées à la probité des robes noires. Explications de Mustapha Hilmi, vice-président de cette association. ALM : En quoi les magistrats s'estiment-ils lésés ? Mustapha Hilmi : Il existe au Maroc environ 3000 juges. D'après les allégations relayées par certains médias, que l'on se passe de nommer, ces juges seraient tous des «criminels», et pire encore, des «chiens». C'est une insulte au métier de juge et globalement à tous les Marocains. J'imagine mal comment un citoyen marocain accepterait d'être jugé par un «chien» ! Je tiens à préciser que, dans le métier de magistrature, il y a des gens nobles, au même titre que toutes les autres professions. En tant que corps magistral, nous nous estimons bien entendu lésés par ces diffamations et nous comptons agir en conséquence. Les magistrats se réservent le droit de prendre les dispositions appropriées dans le cadre du droit que le législateur lui confère dans le but de préserver l'inviolabilité de la Justice et de la protéger contre tout ce qui pourrait lui porter atteinte. L'Amicale est déterminée à réaliser ces objectifs avec ce que la conjoncture requiert comme fermeté et vigilance au service de la patrie et des citoyens. Dans votre communiqué, vous évoquez des «atteintes» à la réputation des magistrats «véhiculées par certains médias». Faites-vous référence à la récente sortie de la mouvance islamiste remettant en cause la crédibilité de la Justice dans le procès contre les membres de la «Salafya Jihadia» ? Il est question, ici, de certains médias qui relayent des allégations dénuées de toute crédibilité et de tout fondement. Je dois préciser qu'il s'agit bien de certains médias, sachant que dans le métier de la presse il y a plusieurs organes crédibles. Et c'est là une réalité qui se confirme tous les matins et tous les soirs. Je dois également préciser que la presse est notre bras droit. Elle est notre allié objectif. Et nous ne permettrons à personne d'utiliser les médias pour porter atteinte à la Justice. Je comprends mal comment certains médias voudraient se comporter en «justiciers». Maintenant, en réponse aux allégations remettant en question la crédibilité des magistrats, je dois préciser que la Justice donne au citoyen la possibilité de faire appel des verdicts prononcés par un Tribunal de première instance, en ayant recours à la Cour d'Appel, et puis en cas de mise en doute, libre à chacun de pourvoir en cassation. La Justice s'applique ainsi une sorte d'auto-critique, l'objectif ultime étant de garantir le droit de tout citoyen à un procès juste. En réaction aux diffamations portées contre les magistrats, l'Amicale dit «se réserver le droit de prendre les dispositions légales appropriées (…) en vue de préserver l'inviolabilité de la Justice». Pourriez-vous nous dire les démarches que vous allez prendre pour réhabiliter votre droit ? Il faut appliquer la démarche procédurale. Si les juges sont traités de «criminels», il faudra bien déterminer en quoi ils sont «criminels». Quels sont les objectifs que se fixe l'Amicale Hassanienne des magistrats ? L'action de l'Amicale se fixe trois objectifs : d'une part, défendre l'inviolabilité de la Justice, d'autre part consolider l'autonomie de la Justice et enfin protéger les juges contre tout ce qui est de nature à porter atteinte à leur dignité et à leur crédibilité. Ceci compter sans l'intervention de l'Amicale à d'autres niveaux, entre autres le social, et le culturel.