Les juges marocains s'opposent à la campagne de discrédit menée par les nihilistes et les obscurantistes et qui porte atteinte au principe de l'inviolabilité de la justice. Depuis quelques semaines, la Justice marocaine est sérieusement pointée du doigt. En clair, certaines personnes reprochent au pouvoir judiciaire marocain son manque d'indépendance. D'autres estiment que la corruption a atteint des niveaux dangereux au sein de nos tribunaux. Une corruption qui toucherait, à en croire ces allégations, les plus hauts responsables du pouvoir judiciaire. Chose qui entrave l'attrait des investisseurs étrangers et donne un coup dur à l'image de marque de la Justice auprès des citoyens marocains. L'affaire des détenus islamistes condamnés dans le cadre de la loi antiterroriste a été l'occasion de fustiger l'action de la Justice marocaine. Les magistrats sont accusés d'avoir fait preuve de partialité. Les droits de la défense auraient été violés. Les plaintes contre de mauvais traitements auraient été carrément écartées par les juges. Et la liste des reproches formulés par des associations, des avocats, des partis politiques et de simples individus, à l'égard de la Justice marocaine, est longue. En réaction, l'Amicale hassanienne des magistrats s'est réunie, le mercredi 25 mai 2005, pour examiner ces graves atteintes à la dignité des membres de l'appareil judiciaire marocain. Le communiqué de l'Amicale, présidée par Me Mustapha Hilmi (voir entretient ci-contre), regrette que des mensonges soient véhiculés "par certains médias à travers des allégations dénuées de toute crédibilité et de tout fondement. Pour ce faire, les membres de l'Amicale hassanienne ont exprimé leur profonde "déception" et leur "condamnation des articles publiés et qui portent atteinte à la justice, à sa probité et à ses hommes". Mais l'Amicale n'a pas l'intention de se contenter d'une simple condamnation de ses allégations. En effet, elle a annoncé "à l'opinion publique nationale qu'elle se réserve le droit de prendre les dispositions légales appropriées dans le cadre du droit que le législateur lui confère en vue de préserver l'inviolabilité de la justice et de la protéger contre tout ce qui pourrait lui porter atteinte". Il faut comprendre que cela reviendrait à poursuivre pour diffamation tous ceux qui porteraient atteinte à la dignité de la Justice. Il est à de rappeler que le pouvoir judiciaire est légalement placé sous la houlette du Conseil supérieur de la Magistrature (CSM), présidé par le Souverain lui-même. Au Maroc, les juges n'ont pas le droit d'être syndiqués ou partisans. Ils doivent demeurer libres de tout engagement politique. Le juge est au service du pays, de tous les citoyens et non pas d'un projet politique ou syndical. Par ailleurs, le CSM prend, depuis quelques années, de sévères mesures disciplinaires à l'encontre de magistrats reconnus comme coupables de corruption. C'est de notoriété publique. En d'autres termes, cette sortie de l'Amicale hassanienne des magistrats ne nie pas cela. Elle dénonce le dénigrement dont fait preuve toute la famille des magistrats. Le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ, a, dès les premiers jours de sa nomination, insisté sur une chose: les magistrats corrompus sont une minorité. La majorité écrasante des juges est honnête, intègre et indépendante. Pour ce qui est de l'affaire des détenus islamistes, condamnés dans le cadre de la loi antiterroriste, la position du ministère de la Justice est également très claire. S'appuyant sur des dispositions légales, Mohamed Bouzoubaâ rappelé que tous les détenus ont la possibilité de réviser leurs procès par des voies légales. La demande de grâce et la libération provisoire font partie de ces moyens de réparation d'un tort éventuel. En somme, l'Amicale hassanienne a prouvé que les magistrats, tout en étant, de par leur statut, neutres et indépendants, peuvent aisément intervenir dans le débat publique. Cette mise en garde, car c'en est bien une, de l'Amicale hassanienne, notamment aux médias nationaux, est une participation à la construction démocratique du Maroc. La liberté ne signifie pas que toutes les lignes rouges doivent disparaître. L'amicale vient d'en tracer une.