Le référendum sur l'amendement constitutionnel instituant l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel entre plusieurs candidats devra se tenir aujourd'hui en Egypte dans une atmosphère politiquement tendue. Les Égyptiens devraient se rendre aujourd'hui aux urnes pour voter au référendum sur l'amendement constitutionnel qui institue l'élection du Chef de l'État au suffrage universel entre plusieurs candidats. Cet amendement qui vise à mettre fin au système politique actuel a provoqué toute une polémique en Egypte. Alors que les médias publics menaient une campagne sans précédent pour inciter les 32,5 millions d'électeurs inscrits à participer au référendum, les principaux partis d'opposition ont lancé un appel à boycotter la Consultation. Ces derniers ont dénoncé l'amendement constitutionnel en le qualifiant de «réforme cosmétique». Ils ont aussi annoncé leur décision de boycotter les élections. «Les trois partis annoncent qu'ils boycotteront le référendum du 25 mai sur l'amendement constitutionnel, appellent le peuple égyptien à le boycotter et lui demandent de rester chez lui ce jour-là», écrivent le Wafd (centre libéral), le Tagamoo (marxiste nassérien) et le Parti nassérien, trois partis dont l'existence est reconnue légalement. L'opposition reproche à l'amendement voté le 10 mai à une écrasante majorité de l'Assemblée du peuple, dominée par le Parti national démocrate (PND - au pouvoir), d'avoir imposé des conditions draconiennes aux candidats indépendants. Elle avait manifesté son mécontentement en refusant de voter le texte et en se retirant de l'hémicyle avant la proclamation du résultat final du scrutin à l'Assemblée. Ces parties ont fini par saisir la Haute Cour administrative d'Égypte pour demander l'annulation dudit référendum. Une demande qui fut rejetée lundi 25 mai par la cour. La requête déposée par ces partis a relevé plusieurs irrégularités susceptibles de les pénaliser. La principale revendication touche, selon l'avocat du parti Tagamou, au texte qui sera présenté aux électeurs, qui n'indique pas clairement le contenu de l'amendement entier qui est apporté à l'article 76 de la Constitution égyptienne. Autre point important était le fait que les candidats indépendants doivent justifier de la caution de deux cent cinquante élus locaux et nationaux au moins, dont soixante-cinq députés de l'Assemblée du peuple, vingt-cinq sénateurs et cent quarante membres d'assemblées locales. Ces dispositions sont considérées comme rédhibitoires par les responsables de l'opposition. De sa part, la Haute Cour administrative a justifié son rejet par son incompétence à statuer sur un nombre de points soulevés par la requête. Cependant, elle a affirmé que l'arrêt du ministre de l'Intérieur qui réglemente le référendum est conforme à la loi. Par son appel au boycott, l'opposition a rejoint l'organisation des Frères musulmans dont un haut dirigeant de la confrérie Mahmoud Ezzat fut interpellé par la police, lui et vingt-cinq cadres locaux. Un autre mouvement a annoncé son soutien au boycott du référendum, il s'agit de «Jabhat Inqad Masr» (Front du Salut de l'Egypte), a rapporté le quotidien arabophone Asharq Al-Awsat. Fraîchement créé et basé à Londres, le Front a appelé par la voix de ses dirigeants à que des réformes soient entreprises en Egypte afin que le pays soit un modèle dans la région, ajoute le quotidien. De son côté, le Premier ministre Ahmed Nazif a déclaré récemment à la presse que le boycott montrera simplement que les partisans de l'abstention ne sont pas sérieux dans leur quête de démocratie. Il faut en outre rappeler qu'auparavant le Président de la République Hosni Moubarak était désigné par les deux tiers de l'Assemblée du peuple, dont le choix était ensuite entériné par un plébiscite à des taux allant jusqu'à 90% des votants.