Les Roland-Garros passent et se ressemblent pour Andre Agassi qui a été éliminé, mardi, au premier tour des Internationaux de France pour la deuxième année consécutive. Chaque fois, l'Américain, aujourd'hui âgé de 35 ans, a été battu par un joueur issu des qualifications, le Français Jérôme Haehnel l'an dernier, le Finlandais Jarkko Nieminen en cinq sets 7-5 4-6 6-7 (6-8) 6-1 6-0. Agassi a ainsi tristement fêté son entrée dans le livre des records du tennis en tant que joueur qui a joué le plus de tournois du Grand Chelem, 58, dont huit titres soit un de plus que Michael Chang, Jimmy Connors, Ivan Lendl et Wayne Ferreira. Pour sa 18e apparition aux Internationaux de France qu'il a gagnés en 1999 après avoir été finaliste en 1990 et 1991, l'Américain a eu les circonstances atténuantes de céder plus à une blessure qu'à son adversaire, modeste 95e joueur mondial. Après avoir perdu le premier set, Agassi, qui n'a pas gagné de tournoi cette année, mais s'alignait avec la tête de série n° 6, a semblé se diriger vers sa 52e victoire à Roland-Garros en gagnant la deuxième manche gagnée 6-4 puis la troisième après avoir sauvé une balle de set dans le tie-break. Une crise de sciatique en a décidé autrement. Au bord des larmes, l'Américain a perdu toute mobilité dans les deux derniers sets et a laissé filer les points. Le tableau d'affichage s'est mis à tourner à grande vitesse pour s'arrêter sur un cinglant 6-1 6-0 pour les deux derniers sets. "J'ai failli lui serrer la main à deux sets à un mais je n'ai pas voulu abandonner, j'ai voulu aller au bout", a-t-il dit. "Me déplacer, rester debout et même m'asseoir est devenu douloureux. Le nerf s'est vraiment enflammé. La douleur descendait tout le long de ma jambe et ça s'est aggravé de minute en minute." Le tournoi a perdu une autre de ses icônes, Fabrice Santoro, qui n'aura joué que deux Roland-Garros de moins qu'Agassi. Encore une fois, le Français a livré un de ces matches-marathon devenus au fil des ans son image de marque mais il s'est cette fois incliné devant le Tchèque Jan Hernych de sept ans son cadet sur le score de 7-6 3-6 6-1 4-6 6-4. Si Santoro et Agassi ont été les victimes du jour, l'Espagnol Feliciano Lopez, tête de série numéro 24, en a été la principale victime sportive battu en quatre sets 6-2 6-0 6-7 6-4 par Paul-Henri Mathieu. Le Français, 67e mondial, n'avait signé que des résultats très moyens cette saison mais il a retrouvé le niveau des deux victoires en simple qui ont permis à la France de battre la Suède en Coupe Davis en février. "Je m'attendais à mieux en avril et en mai, mais pour Roland Garros j'ai fait une bonne semaine d'entraînement intense qui m'a remis sur les rails", a-t-il dit. Hormis Agassi et Lopez, et le Croate Ivan Ljubicic, n° 13, battu 7-5 7-5 6-2 par l'Argentin Mariano Puerta, les têtes de série en lice ont tenu leur rang. Marat Safin, comme à son habitude, a alterné le pire et le meilleur pour battre le Néerlandais Raemon Sluiter 6-1 4-6 6-4 6-2. Le Russe vit une histoire d'amour contrariée avec les Internationaux de France, où il a atteint la demi-finale en 2002 mais a déclaré forfait en 2003 et été martyrisé par des ampoules à la main en huitièmes l'an dernier. Bien que vainqueur cette année de l'Open d'Australie et classé tête de série n 3, Safin n'est pas considéré comme un des grands favoris de Roland-Garros mais il se satisfait de son statut d'outsider. "Je préfère être le mouton noir. C'est plus facile de soutenir la pression", a-t-il dit à sa sortie du court. L'Espagnol Juan Carlos Ferrero, vainqueur des Internationaux de France en 2002 et finaliste en 2003, ne figure pas non plus parmi les prétendants de premier rang cette année, car il était tombé au 98e rang mondial en février dernier. Il a cependant surmonté un enchaînement de maladie et de blessures et a retrouvé son jeu à Monte-Carlo où il a atteint les demi-finales et à Barcelone, où il a joué la finale. Tête de série n°32 cette année, Ferrero a confirmé son regain de forme en dominant en trois sets 6-4 6-3 6-3 le Slovaque Karol Beck.