Fier, modeste, et de nature timide, tels sont les caractères de Mohamed Khouyé, un acteur présent dans le paysage artistique sous toutes ses formes, cinéma, théâtre et télévision. Un grand acteur dans de petits rôles, par rapport à ce qu'il peut donner, et ce n'est pas ça qui l'empêchera de continuer à attendre l'opportunité pour s'imposer en tant que tel. Le registre de cet acteur caméléon ne connaît pas de ligne rouge, car pour lui un vrai artiste est celui aux milles facettes, donc Khouyé ne rêve pas d'incarner le rôle d'un prince charmant sur le dos d'un cheval blanc. Il préfère plutôt un rôle de composition, celui d'un clochard sans abri pour pouvoir raconter l'histoire d'une classe sociale qui vit au ban de la société et dire ce qu'il a sur le cœur. Il veut aussi se mettre dans la peau de nos héros nationaux qui ont marqué la vie politique du pays tels que Zerktouni, Benbarka, Khattabi et beaucoup et bien d'autres figures emblématiques de la politique nationale. De multiples personnages ont fait de lui le méchant, le gentil, le militant le malfrat. Enfin, un peu de tout. Présent au cinéma comme à la télévision, ou encore sur les planches du théâtre, Mohamed Khouyé se sent bien. Les meilleurs moments de sa vie sont ceux où il se miroite dans des rôles qu'ils adore. Il commente : «monter sur les planches est un plaisir, une sensation incomparable, la peur, le trac, le direct… un mélange qui vous pousse à donner le mieux que vous possédez, devant un public prêt à vous applaudir comme à vous siffler. Se mettre devant la caméra est une aventure au goût de fraise qu'il faut savourer mais en prêtant attention au public ciblé. Quant à la télévision, c'est le moyen médiatique le plus rapide et le plus dangereux car il touche une large frange de téléspectateurs aux moult goûts.» Si Mohamed a son mot à dire sur la politique : «Tout le monde la fait, donner son avis, c'est annoncer sa couleur et l'acteur passe son temps à le faire via ses rôles». Comme tous les collègues de sa génération, il déplore le désordre qui règne dans ce domaine artistique, loin d'être structuré malgré la bonne volonté de tous ceux qui sont engagés à le défendre et aussi ceux qui ont fait de l'art un but dans leur vie. Il dit oui pour un syndicat fonctionnel qui a le pouvoir de changer les choses qui est toujours à l'avant-garde. Avec six films marocains, dix longs métrages étrangers et huit téléfilms, en plus des séries et pièces théâtrales dans lesquelles il a joué, l'acteur se dit encore au début de sa carrière. Il n'a pas encore atteint son but, bien qu'il a travaillé sous la direction de grands réalisateurs nationaux et internationaux tels que Hans Smith et a pu entretenir des relations basées sur le respect et le dialogue, pour pouvoir s'exprimer librement et donner son avis en tant qu'élément dans le processus de fabrication filmique, ce qui est très important pour avancer. Mohamed Khouyé est tout simplement lui même dans la vie comme ailleurs, il est à un doigt de franchir le pas vers l'avant. Il ne manque qu'un réalisateur pour lui faire confiance et lui donner un coup de pouce. Il ne sera certainement pas déçu. Si Mohamed le jure car il est prêt à jouer le jeu avec toutes ses tripes au nom de l'artiste engagé qu'il cache au fond de lui. Un artiste et fier de l'être et qui n'a pas besoin de le prouver. Ses rôles témoignent pour lui. • Amina Barakat Rabat