Le Parlement koweïtien vient d'amender une loi électorale qui permet aux femmes de voter et de se présenter aux élections. Le Koweït vient de marquer un tournant historique en accordant aux femmes koweïtiennes le droit de participer à la vie politique du pays. En effet, le Parlement koweïtien a approuvé le lundi 16 mai 2005, un amendement de la loi électorale qui accorde aux femmes le droit de vote et d'éligibilité. Il a ainsi mis fin à un débat vieux de plus de quarante ans. Cet amendement a été voté par 35 voix pour, 23 contre, et une abstention. Le vote a été obtenu au bout de neuf heures de débat animé au cours duquel les députés opposés au projet ont tenté de le bloquer lorsqu'ils ont réalisé que le gouvernement a eu la majorité requise pour le faire passer. Le vote a été aussitôt salué par un tonnerre d'applaudissements du public, dont des femmes, présent dans l'enceinte de la Chambre. «Aujourd'hui, nous avons remporté la bataille de la liberté contre les esprits rétrogrades, la bataille du progrès contre le terrorisme», a déclaré Roula Dachti en félicitant des compatriotes. «Le Koweït se lance aujourd'hui dans une nouvelle ère historique», a ajouté Mme Dachti, présidente de la Société économique koweïtienne et fervente militante des droits des femmes. Le ministre des affaires sociales et du Travail, Fayçal Al-Hajji, s'est, lui aussi, félicité du vote. Le ministre a déclaré qu'une erreur constitutionnelle avait été rectifiée. Les députés islamistes, qui s'opposaient à l'octroi à la femme de ses droits politiques, ont cependant réussi, avec leurs alliés tribaux au Parlement, à introduire dans le texte amendé une clause stipulant que les femmes doivent, dans l'exercice de leurs droits, se conformer aux "normes islamiques". Les députés affirment qu'une telle mesure est contraire à l'islam. Samedi, des militantes féministes koweïtiennes avaient accusé certains ministres d'avoir pris part à un "complot" pour continuer à les priver de leurs droits. Aucun détail supplémentaire n'a été fourni au sujet de cette clause. «Le vote est contre la volonté du peuple koweïtien. Il a pour objectif de changer l'identité de la société», a déclaré le député islamiste radical, Walid Al-Tabtabai. L'amendement de ladite loi sera effectif dès son approbation par l'émir cheikh Jaber Al-Ahmed Al-Sabah, et sa publication au Journal officiel, dans environ deux semaines. Les déclarations de l'Emir Cheikh Jaber en faveur de la participation des femmes à la vie politique sont nombreuses. Durant les années 90, alors que le pays était sous occupation irakienne, il avait promis d'amender la loi électorale dans ce sens. En 1999, l'émir avait promulgué un décret accordant aux femmes le droit de vote et d'éligibilité. Ce texte, approuvé par le gouvernement, fut alors rejeté par le Parlement. Cette nouvelle loi augmentera le nombre des électeurs au Koweït. Ils passeront de 145 000 personnes à plus de 350 000, soit 37 % d'une population autochtone de 956 000 habitants. L'article premier de la loi électorale, qui date de 1962, limitait, avant son amendement, le droit de vote et d'éligibilité aux hommes seulement, alors que la Constitution du Koweït garantit l'égalité entre les sexes. Dans les six monarchies du Golfe, une région très conservatrice, les femmes pouvaient jusqu'alors voter uniquement à Bahreïn, au Qatar et à Oman. L'Arabie saoudite a organisé cette année des élections municipales, les premières de son histoire, mais les femmes en ont été exclues.