Le secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse affirme que pour contrer l'idéologie terroriste, il faut tout simplement promouvoir la vie et veiller au respect scrupuleux des règles de la démocratie. ALM Pensez-vous que le terrorisme soit le fruit d'une dégradation des conditions sociales des populations ? Mohamed El Gahs : Le raccourci entre l'idéologie terroriste et les conditions sociales sert à justifier les crimes terroristes. Tous les démocrates doivent comprendre que le terrorisme est un crime, un fascisme dont le but est de s'emparer du pouvoir en usant de la terreur et de la barbarie. Le terrorisme paralyse les sociétés et les Etats pour atteindre ces objectifs. En une phrase, c'est la négation de la vie. Pourquoi, selon vous, certains jeunes sont-ils séduits par cette idéologie terroriste ? Il est évident que le terrorisme prend le soin d'endoctriner les jeunes, qui sont de nature psychologiquement fragiles. Je ne dirais pas que ces jeunes sont séduits, mais qu'ils sont instrumentalisés. C'est le cas au Maroc, comme dans tous les pays du monde. L'idéologie terroriste possède des moyens d'endoctrinement redoutables. C'est une machine internationale de lavage de cerveaux et de manipulation. Les terroristes utilisent l'Internet, les journaux, les chaînes de télévision et de la radio. Ils sont présents partout. Que faire alors pour contrer cette idéologie de la mort ? Il faut commencer promouvoir la vie, avec ses grandeurs et ses misères. Il est évident que le combat est politique, mais il est également intellectuel, social, économique. Tous les démocrates doivent participer à cette lutte. C'est également un combat de tous les jours. C'est justement le combat de la vie. Pour ce faire, chacun doit choisir son camp, aucune demi-mesure ne doit être tolérée. Aucune justification du terrorisme ne doit être acceptée. Il est scandaleux et triste de voir des gens instrumentaliser des notions nobles comme les droits de l'Homme pour justifier le terrorisme. Certains estiment que l'idéologie terrorisme doit être endiguée par la force. Peut-on combattre la violence par la violence ? Quand l'Etat, grâce à des moyens légaux, considère que la démocratie, l'ordre public et la vie des populations est menacée, il doit tout mettre en œuvre pour éradiquer ce danger. Il n'y a aucune contradiction sur ce point. Pour ce qui est des poches les plus fragiles et les plus exposées de la société, par exemple, l'Etat doit les traiter dans l'urgence. Quelles conditions les démocrates doivent-il poser pour entamer un dialogue avec des extrémistes, voire des terroristes ? Personne n'a besoin de discuter avec personne. On ne discute pas avec un terroriste. Quelqu'un qui veut votre mort ne mérite pas l'ouverture du dialogue. Mais à partir du moment où une mouvance respecte les institutions et les règles démocratiques, il n'y a pas besoin d'une autorisation pour participer à la vie politique et sociale du pays. On discute avec des démocrates et on polémique avec des démocrates. C'est vrai dans tous les pays démocratiques du monde. Quelqu'un qui a un projet de société et qui respecte les règles de la démocratie doit donc avoir le droit d'être en compétition avec tous les autres démocrates. A ce moment, la question du dialogue n'est que secondaire. Vous êtes en rapport direct avec les jeunes Marocains. Pensez-vous qu'ils sont effectivement manipulables ? Tous les spécialistes vous le diront: la jeunesse n'est qu'une période de la vie, un passage. Elle a des caractéristiques positives. Les jeunes veulent changer le monde, ils font preuve de spontanéité, de générosité et de curiosité. En même temps, toutes les jeunesses du monde sont caractérisées par une certaine fragilité. Car c'est l'âge des doutes, des conflits de générations, des mutations diverses. Dieu merci, la jeunesse marocaine est comme toutes les jeunesses du monde. Elle a ses qualités et ses faiblesses. Notre but, en tant que partis politiques, parents, écoles, médias etc, est de renforcer les aspects positifs et faire en sorte que les faiblesses passent le plus paisiblement possible. Encore une fois, c'est un combat de la vie.