L'ancien premier ministre algérien, M. Mouloud Hamrouche a estimé que "l'Algérie a raté sa réforme" pour s'inscrire dans une économie de marché concurrentielle. Intervenant lundi, lors d'une conférence sur le thème "la privatisation, un préalable ou une condition à la mondialisation", organisée au club de la "Confédération des cadres de la finance" à Alger, M. Hamrouche, qui marque ainsi son retour sur scène après une longue absence, a souligné que quinze ans après le lancement des réformes économiques en Algérie, celles-ci connaissent une "situation de blocage total", avec "une économie fermée et administrée". Mouloud Hamrouche, connu pour avoir initié des réformes économiques en Algérie du temps où il était premier ministre au début des années 90, a fait remarquer que "beaucoup d'intérêts inavoués se sont ligués contre toute réforme et tout changement". L'ex-candidat aux élections présidentielles de 2004 "qui s'est retiré avant le scrutin", a particulièrement pointé du doigt la place prépondérante que s'est taillée le secteur informel dans l'économie algérienne. "L'informel prime sur l'officiel (..) et le gros des affaires se traite à la lisière du légal", a-t-il affirmé. M. Hamrouche qui avait au début des années 90 préconisé de "régulariser" le commerce parallèle ou le "tranbendo" pour lutter contre les évasions qui en découlent, s'était heurté à des oppositions au sein même du parlement dominé alors par le Front national de libération. Il a particulièrement identifié parmi les causes du blocage, le manque de transparence dans les pratiques commerciales, l'extension des privilèges, l'opacité dans les subventions, l'absence d'une autorité financière, outre l'obsolescence du système financier et bancaire. Il a de même estimé que "l'opération de privatisation connaît une situation de flottement. Certains plus sévères, parlent plutôt d'impasse". Selon lui, la privatisation, pour réussir suppose des préalables : "la légitimation des positions économiques et sociales, des situations de droit et de légalité, des autorités indépendantes de contrôle, des gestionnaires identifiés et responsabilisés et des organes de vérification". En l'absence d'un "projet global de modernisation" et d'"un consensus clair et ferme" sur les réformes, estime M. Mouloud Hamrocuhe, "l'Algérie n'est pas en condition d'entamer sa longue marche vers une économie de marché concurrentielle, ni de déverrouiller la croissance", nonobstant les sommes considérables que les pouvoirs publics prévoient d'injecter dans les circuits économiques.