50% de cas symptomatiques, 5% de patients dépistés positifs dans un état critique La situation épidémiologique liée à la Covid-19 à Casablanca est grave. Près de 1.000 cas sont enregistrés quotidiennement dans la métropole économique. Mercredi 9 septembre, le bulletin épidémiologique du ministère de la santé faisait état de 959 cas au cours des dernières 24h. La peur est de voir la situation s'aggraver davantage. Dans une publication sur le site CasablancaCity.ma, portail officiel de la ville de Casablanca, Dr Nabila Rmili, directrice régionale du ministère de la santé à Casablanca, apporte ses explications concernant la progression inquiétante de la pandémie dans la métropole économique. Dr Rmili estime que l'activité économique et sociale à Casablanca peut avoir contribué à cette augmentation des cas de contamination, avec une mobilité et une vivacité supérieures à la moyenne du pays. Selon la responsable, trois éléments doivent être pris en compte, à savoir la densité démographique, la mobilité et la négligence des gens face aux gestes barrières. «Les habitants de la ville semblent avoir oublié la dangerosité de cette épidémie, menant une vie ordinaire et vaquant à leurs occupations habituelles», déplore Dr Rmili. Tout comme le ministre de la santé, la directrice régionale du ministère de la santé à Casablanca assure qu'il n'y a aucune mutation du virus qui pourrait expliquer la hausse des cas graves et des décès liés à la Covid-19. Chiffres à l'appui, celle-ci révèle l'enregistrement de 20% des cas de contamination sur les tests pratiqués durant les derniers jours. Sur les personnes contaminées, on compte environ 50% de cas symptomatiques alors que durant les mois précédents, les cas asymptomatiques étaient plus nombreux. Ce qui montre que les cas symptomatiques risquent de prendre le dessus sur les cas asymptomatiques, ce qui pourrait entraîner une saturation des hôpitaux. A Casablanca, la capacité litière Covid est de 3.000, dont 1.700 sont déjà occupés. Par ailleurs, Dr Rmili s'inquiète des cas des 300.000 personnes souffrant de comorbidités, diabète ou autre, et qui, si elles venaient à être contaminées, seraient dans une situation très grave. Aujourd'hui, 104 patients sont admis dans les unités de réanimation et de soins intensifs à Casablanca alors que le nombre total des cas admis dans ces unités au niveau national s'élève à 244 cas. Il faut savoir que 130 lits sont à disposition en réanimation et autant pour les soins intensifs. Cela dit, la responsable précise que cette capacité risque fort et vite d'être saturée. «Tout dépendra de l'attitude et du comportement des citoyen(e)s», indique-t-elle. Dr Rmili estime à 5% environ la proportion de patients dépistés positifs qui se trouvent dans un état critique et qui doivent impérativement être admis en soins intensifs. Celle-ci pointe du doigt le dépistage tardif des malades qui explique la situation préoccupante du nombre de décès. «J'appelle l'ensemble des Casablancais(e)s à se présenter immédiatement dans les structures sanitaires de la ville dès qu'ils/elles ressentent une difficulté respiratoire, une gêne musculaire, n'importe quoi d'anormal dans leurs corps..., sans attendre de se soumettre à un test de dépistage PCR», martèle la responsable régionale de la santé publique. Pour elle, les mesures prises par le gouvernement sont nécessaires et même obligatoires pour protéger la capacité hospitalière de la capitale économique, mais rien ne pourrait se faire sans une adhésion et une prise de conscience de la population. Rappelons que le ministre de la santé, Khalid Ait Taleb, avait récemment tenu des propos peu rassurants en déclarant : «Nous risquons d'être submergés par le virus. Dès lors, des mesures drastiques s'imposent, sinon la situation risque d'être incontrôlable dans les jours à venir». Aujourd'hui on est en droit de se demander si les mesures restrictives imposées par le gouvernement au niveau de la préfecture de Casablanca parviendront à stopper la propagation de la pandémie de Covid-19 au niveau de la ville.