Les chiites irakiens ont accentué jeudi la pression pour une modification de l'accord de transfert du pouvoir conclu avec la puissance occupante américaine, leur chef exigeant des élections directes immédiates à tous les niveaux du pouvoir. Une pression supplémentaire sur les USA. Après une rencontre à Najaf (centre) avec le plus haut dirigeant religieux chiite irakien, Ali Sistani, le président du Conseil de gouvernement transitoire, Jalal Talabani, qui a signé l'accord le 15 novembre avec Paul Bremer, l'administrateur américain, a annoncé les exigences du dignitaire. "L'ayatollah Sistani a émis une seule réserve (à l'accord). Il veut que le peuple irakien soit consulté. Il faut donc, selon lui, des élections tant des conseils municipaux que du conseil législatif", a dit M. Talabani. En l'absence d'un recensement récent en Irak, selon M. Sistani, "les élections devront être réalisées sur la base des cartes de rationnement", distribuées en 1991 aux Irakiens après l'imposition des sanctions de l'Onu consécutive à l'invasion irakienne du Koweit, a ajouté M. Talabani. Aux termes de l'accord du 15 novembre, l'"Assemblée nationale transitoire", qui doit être mise en place avant le 31 mai 2004, sera composée de notables sélectionnés par une commission de 15 membres dont cinq nommés par le Conseil de gouvernement, le reste par des assemblées provinciales. Cette Assemblée doit désigner les ministres et le pouvoir exécutif "qui sera reconnu par la coalition et aura tous les attributs de la souveraineté" le 30 juin 2004. Les premières élections au suffrage universel ne devront se tenir qu'en mars 2005 pour désigner l'Assemblée constituante, selon le texte. Les conseils municipaux actuels sont largement sélectionnés par la coalition.La veille, un dignitaire chiite, membre du Conseil de gouvernement, Abdel Aziz Hakim, a mis en garde contre "des problèmes véritables" si l'accord n'était pas modifié, après des rencontres avec les ayatollahs Sistani et Mohamad Saïd Hakim, deux des quatre membres de la Hawza, la plus haute autorité religieuse des chiites d'Irak. M. Hakim a indiqué que l'ayatollah Sistani était "préoccupé" par l'absence de toute référence à l'islam dans les principes mentionnés dans l'accord sur la loi fondamentale, qui doit être rédigée d'ici au 28 février 2004 et régir le pays jusqu'à l'établissement d'une Constitution définitive en 2005. Sur le plan sécuritaire, une roquette anti-char a touché mercredi soir l'ambassade d'Italie à Bagdad sans faire de victimes et occasionnant des dégâts, selon des diplomates italiens. La roquette a troué le mur du bâtiment mais n'a pas explosé.