A l'heure du déconfinement, un relâchement se fait sentir auprès de certains citoyens quant au port du masque. «Les Marocains ont dans l'ensemble fait preuve de beaucoup de discipline et d'abnégation lors du confinement, permettant ainsi le contrôle de l'épidémie», souligne Kahdija Moussayer. La présidente de l'Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) et spécialiste en médecine interne ajoute qu'il ne faut surtout pas faiblir maintenant. En effet, elle alerte sur les dangers d'un relâchement dans l'utilisation des masques, compréhensible psychologiquement mais dangereux. Elle se réfère en cela à une récente étude de l'Académie des sciences américaine mettant l'accent sur les dangers de l'abandon progressif du masque dans l'espace public. Au niveau du Maroc, Khalid Ait Taleb, ministre de la santé, avait rappelé (le 27 juin dans un communiqué sur la situation générale au Maroc) au respect strict des mesures préventives recommandées par les autorités sanitaires. Parmi ces mesures, le port correct du masque, l'hygiène, le respect de la distanciation physique et l'évitement des rassemblements. Le masque, un moyen peu coûteux mais indispensable Pour mener leur étude, les scientifiques des Universités du Texas et de Californie ont analysé la tendance et les mesures d'atténuation (port du masque, distanciation...) à Wuhan, en Chine, en Italie et à New York, du 23 janvier au 9 mai 2020. «Ils ont pu ainsi montrer que les impacts de ces mesures d'atténuation sont mesurables dans l'évolution de la pandémie. L'analyse révèle ainsi que la différence avec et sans couvre-visage obligatoire représente le déterminant principal de l'épidémie dans les trois épicentres. À elle seule, selon eux, cette mesure de protection a considérablement réduit le nombre d'infections, soit plus de 78.000 en Italie du 6 avril au 9 mai et plus de 66.000 à New York du 17 avril au 9 mai», précise la spécialiste. Selon ces chercheurs, les autres mesures d'atténuation comme la distanciation sociale ne suffisent pas à protéger le public. «Nous concluons que le port de masques en public correspond au moyen le plus efficace de prévenir la transmission interhumaine, et cette pratique peu coûteuse, en conjonction avec l'éloignement social simultané, la quarantaine et la recherche des contacts, représente l'opportunité de combat la plus probable pour arrêter la pandémie», souligne l'experte. Une toux c'est 3.000 gouttelettes Il s'avère que la diffusion aérosolisée et aéroportée du coronavirus constitue la voie majeure de propagation. Dans ce sens, les travaux effectués confirment l'efficacité du port du masque, réaffirmant sa nécessité dans les mois qui suivent le déconfinement et ce dans l'attente de vaccins et/ou traitements contre l'infection. «Ils mettent bien en évidence que le masque est non seulement utile pour empêcher les gouttelettes de toux infectées d'atteindre des personnes non infectées, mais aussi pour éviter de respirer ces minuscules particules aérosolisées qui peuvent également contaminer», explique Khadija Moussayer rappelant par ailleurs qu'une seule toux peut produire jusqu'à 3.000 gouttelettes, les éléments les plus dangereux qui risquent de s'étaler sur les vêtements et sur les surfaces qui les entourent. Pour la spécialiste, «toutes ces données connues clairement maintenant ainsi que certaines mesures de précaution et de prévention ont malheureusement fait défaut dans de nombreux pays du monde, notamment européens, qui ont souvent affirmé le contraire en matière de port du masque et l'ont payé au prix fort en termes d'une surmortalité pourtant évitable!». Par ailleurs, les Chinois qui portent des masques depuis des années, essentiellement en raison de la pollution (ainsi que les quatre «dragons» asiatiques -Taïwan, Corée du Sud, Hong Kong et Singapour), ont bien su par contre contrôler l'épidémie par un port obligatoire du masque dès le début, accompagnant une stratégie globale de dépistage massif, de quarantaines très strictes et de suivi au cas par cas grâce aux outils numériques.