Avec quelques semaines de retard et une prolongation de son mandat de quelques mois, l'Instance Equité et Réconciliation poursuit ses séances d'auditions publiques. Prochaines étapes : celle d'Al Hoceïma, prévue pour fin avril, et celle de Laâyoune, pour mai prochain. L'Instance Equité et Réconciliation est actuellement à Al Hoceïma. Motif, les préparatifs des prochaines séances d'auditions publiques qui sont, prévues pour fin avril dans cette ville du Nord du Royaume. Des préparatifs qui interviennent tardivement, vu que ces séances étaient programmées pour mars dernier. Idem pour l'étape de Laâyoune, prévue pour mai prochain. Les raisons de ce retard, selon une source proche du dossier qui a requis l'anonymat, tiendraient aux «aléas» et «contraintes» de temps et d'organisation de ces auditions. Des contraintes qui expliquent également la prolongation «de quelques mois» du mandat de l'IER, dont le travail devait en principe être achevé le 12 avril. Au programme de l'étape d'Al Hoceïma, un retour sur ce qu'on appelle le soulèvement du Rif, et tous les dépassements qui s'en sont suivis dans la fin des années 50. L'étape de Laâyoune, elle, viendra clore la série de témoignages publics, entamée dès le 21 décembre à Rabat. Le travail de l'IER ne s'arrêtera pas là puisqu'il lui restera encore la lourde tâche de réussir le processus engagé de réparations, individuelles comme collectives, des victimes des longues années de répression qu'a connues le Maroc. Même si la mission de l'Instance est loin d'être accomplie, des objectifs principaux derrière la création de l'IER sont d'ores et déjà atteints. Pour Driss Benzekri, président de l'Instance, dont les sorties médiatiques semblent privilégier la presse étrangère -dans ce cas de figure du journal Le Monde : «Il y a un débat d'une qualité rare, pluriel et réel, dans la société marocaine, même si celle-ci n'est pas toujours bien informée de ce que nous faisons ». Un débat qui s'accentue de jour en jour et au cœur duquel se trouve la question sur la nécessité ou non de tout dire sur les années de plomb, les noms et qualités des tortionnaires compris. Si la réponse, que doit apporter la justice, n'est pas du ressort de l'IER, certaines parties n'en critiquent pas moins l'action de l'IER sur ce point précis. D'où la question sur la suite qui va être donnée à ce dossier, après la disparition de l'Instance. Mais avant, il faudra attendre les conclusions de cette dernière, qui seront regroupées dans son rapport final. Couronnement de toutes les missions dont l'Instance a été investie, ce rapport, qui sera présenté à SM le Roi Mohammed VI une fois finalisé, sera bouclé avec la fin des différentes autres activités de l'IER. Et pour cause, la méthodologie adoptée, nous précise-t-on, côté IER, veut que son élaboration soit faite au fur et à mesure que les actions de l'Instance sont réalisées. Une méthodologie adoptée dès le début. La sortie au grand jour de ce tant attendu rapport dépendra donc de la vitesse avec laquelle seront menées les actions qui y seront intégrées. Entre temps, nous informe Le Monde, une sorte de deuil national sera organisé. Il s'agira d'un geste qualifié de «solennel» à l'égard des victimes et qui passera par la reconnaissance par l'Etat de sa responsabilité et de sa compassion à l'égard de ces milliers de victimes des années de plomb.