Afin d'améliorer leurs marges bénéficiaires et de consolider leurs assises financières, les banques marocaines se doivent d'initier un mouvement de concentration. Le maintien d'un niveau très bas du ratio crédits/dépôts (60% en 2001 et 58% en 2002) explique dans une large mesure la surliquidité chronique dont souffre la place bancaire marocaine. Sur un marché, somme toute étroit, le mouvement de concentration des banques s'impose comme un choix stratégique inéluctable devant permettre de consolider leurs assises financières, de développer des complémentarités commerciales et logistiques afin d'améliorer leurs marges bénéficiaires. « En attestent les opérations de fusion absorption de ABN Amro Bank par la BMCI, celle de la SMDC par la BCP et le rapprochement éventuel entre Wafabank et Crédit Du Maroc » estiment les analystes de la société de Bourse Wafa Bourse, dans le recueil annuel Bilans et perspectives édité par la direction recherche. Ainsi, on y relève qu'au terme de 2002, les banques commerciales ont affiché une progression de 6,6% de leurs ressources à 252 Mds DH et de 6,1% de leurs crédits à 146,4 Mds DH contre respectivement une évolution de 14,9% et 4,4% en 2001. L'encours des dépôts de la clientèle a connu une forte progression de 14,2% à 232,1 Mds DH au 31/12/2001 qui a nettement fléchi en 2002, soit une progression de 6,94% à 248,2 Mds DH. Cette hausse observée en 2002, estime les analystes, couvre une évolution très disparate des différentes masses notamment : une évolution importante des comptes chèques de +14% à 92,8 Mds DH et des comptes d'épargne de +8,4% à 32,5 Mds DH ; à contrario, les dépôts à terme, chahutés par la baisse des taux, ont accusé un recul de –2% à 76,4 Mds DH. Parallèlement, les créances sur la clientèle n'ont connu qu'une croissance limitée de +2,0% à 127,77 Mds DH au terme de 2001 et de 3,1% à 131,67 Mds DH à la fin de 2002, en liaison avec la morosité persistante de la conjoncture économique. En termes de risques, la légère croissance des encours crédits a été accompagnée par une forte augmentation des créances en souffrance de 11,0% au terme de 2001 et de 13,7% à la fin de 2002, portant le taux de contentieux des banques commerciales de 11,62% en 2001 à 12,56% en 2002 (+8%), taux extrêmement élevé comparé au standard international de 3%. L'effort particulier de provisionnement fourni par les banques en 2001 et qui a permis de porter le taux de provisionnement de 67% à 72% n'a pas été maintenu en 2002, puisque ce dernier s'est stabilisé. Le PNB des banques commerciales s'est établi à 13,95 Mds DH au 31/12/2001 en hausse de 8,7% par rapport à 2000. Cette hausse trouve notamment son origine au niveau de l'appréciation de la marge sur commissions au détriment de la marge d'intérêt. Côté perspectives, les analystes de Wafa Bourse demeurent conservateurs par rapport à l'évolution aussi bien des dépôts que des crédits, ceci en l'absence d'une visibilité accrue quant à une véritable reprise économique. En termes de rentabilité, la croissance du PNB devrait être affecté par la poursuite de l'effritement de la marge d'intérêt et une faiblesse relative des résultats sur opérations du marché compte tenu des réalisations exceptionnelles au titre de 2001. Par ailleurs, la marge sur commissions devrait occuper une part plus importante du PNB vu l'attention toute particulière qu'accordent désormais les banques aux activités génératrices de commissions cherchant ainsi à compenser notamment le recul des marges d'intérêts. En parallèle, et compte tenu des perspectives peu encourageantes du secteur, les banques devraient renforcer les dispositifs propres à maîtriser et leurs frais généraux (en moyenne plus de 52% de leur PNB en 2001) et leur risque, est-il pronostiqué par les analystes.