Les 25 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Europe élargie se sont réunis depuis jeudi et durant trois jours au nord de la Grèce, pour réfléchir sur le projet de constitution issu de 16 mois de travaux et de compromis… Le président de la Convention sur l'avenir de l'Europe, Valéry Giscard d'Estaing, devait officiellement présenter le premier projet de Constitution européenne, finalisé sous sa houlette, au sommet de Salonique. Organisée dans un complexe hôtelier au bord de la mer Egée, cette rencontre devait sceller 16 mois de travaux et de discussions qui ont abouti à l'adoption du texte par la Convention elle-même, le 13 juin à Bruxelles. Le projet est-il pour autant acquis ? Malgré la confiance affichée par l'ancien président français, beaucoup de questions essentielles - comme la création d'un poste de président stable de l'UE ou les nouvelles modalités de vote en Conseil des ministres – restent en suspens et doivent faire l'objet d'un arbitrage. Certains pays comme la France voudraient que l'on ne s'aventure qu'à un « toilettage » du texte tandis que d'autres, notamment la Pologne, l'Autriche, la Finlande ou l'Espagne, veulent tout revoir. L'Allemagne, quant à elle, a fait de la diplomatie commune sa cause et plaide pour que les décisions de politique étrangère soient prises à la majorité, et non à l'unanimité. Le premier tour de table à l'issue de la présentation du projet vendredi matin par M. Giscard d'Estaing, devait être significatif même si personne ne s'attend à un consensus à Salonique. Le projet de Constitution suivra son chemin jusqu'à la conférence inter-gouvernementale prévue à partir d'octobre prochain. Censée s'achever au printemps 2004, elle doit finaliser un texte que de nombreux pays, comme la France, souhaitent voir signé juste après le 1er mai 2004, date à laquelle les 10 nouveaux intègreront l'Union. Jeudi soir, les débats étaient consacrés à la politique européenne d'immigration, sur laquelle, là encore, les partenaires ne sont pas d'accord. Londres plaide notamment pour la mise en place aux frontières extérieures de l'UE de « centres de transit » pour les demandeurs d'asile. Projet auquel la majorité des Etats emmenés par l'Allemagne sont opposés. Autre sujet douloureux : le financement du contrôle des frontières de l'UE. La Commission européenne souhaiterait voir débloquer un budget de 80 à 140 millions d'euros, mais tous les pays ne sont pas prêts à y contribuer de la même manière … Cette séance était suivie d'un dîner de travail axé sur, les grands dossiers internationaux, le conflit israélo-palestinien, l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord mais aussi l'avenir des relations transatlantiques. A quelques jours du sommet UE-USA, prévu le 25 juin à Washington, l'UE entendait en effet réfléchir sur son degré d'autonomie vis-à-vis des Etats-Unis, faute de quoi, toute politique étrangère commune est vouée à l'échec. La guerre en Irak a d'ailleurs été un bel exemple de cassure entre les alliés inconditionnels des Américains (Royaume-Uni, Espagne, Danemark ou encore Pologne) et le « camp de la paix » (France, Allemagne, Belgique, Grèce). Quant aux autorités grecques, qui seront remplacées par l'Italie pour présider l'UE à partir du 1er juillet, elles se préparaient à d'importantes manifestations altermondialistes en marge du sommet. Celles-ci devaient rassembler près de 100.000 personnes placées sous haute surveillance durant ces trois jours.