La fin du multilatéralisme dans les relations internationales est marquée par l'émergence de «l'empire américain». Cette «hyperpuissance» ne sera amenée à la raison qu'à travers la réforme de l'ONU et le renforcement du rôle de l'Europe. Seul le retour au mutlilatéralisme et la réforme de l'ONU permettront de mettre de l'ordre dans la gestion des affaires du monde. Telle est la quintessence de la thèse soutenue par l'ex-ministre français des Affaires étrangères Hubert Vedrine lors de sa conférence tenue à Casablanca le jeudi dernier. La guerre en Irak marque un tournant dans les relations internationales dans la mesure où elle consacre «l'hyperpuissance» américaine et la préeminence de l'unilatéralisme au détriment de l'action concertée de la communauté internationale, martèle le diplomate français. Conséquence : l'ONU est devenue une organisation internationale caduque qui reflète l'éclatement subi par l'approche multilatérale qui a prévalu, jusqu'à une date récente, après la chute de l'ex-Union soviétique. Cette tendance à l'unilatéralisme est aggravée par la multiplication des clivages qui marquent les rapports étatiques tels que Islam/Occident , riches/pauvres…, rappelle M. Vedrine. Mais dans quelle mesure les élections américaines prévues en 2004 risquent d'affecter cette nouvelle reconfiguration unipolaire? Hubert Vedrine est réaliste dans son analyse prospective soutenue lors sa conférence qui a été organisée à l'initiative de l'association des centraliens marocains. «Avec ou sans le changement de l'administration américaine, la tendance unilatérale des USA est forte et cela même en cas d'arrivée au pouvoir d'un président démocrate». Autrement dit, il s'agit «d'un changement durable», précise-t-il. Toutefois, est ce que cette tendance de « l'hyperpuissance» est inéluctable ? Le diplomate français a développé une analyse alternative pour le retour du multilatéralisme. En premier lieu, la nécessité de la réforme de l'ONU aussi bien au niveau de son mécanisme de droit de veto que la définition des limites de droit de l'ingérence. L'Europe est aussi l'un des vecteurs potentiels de ce changement. Mais, pour peser sur les enjeux géopolitiques, encore-faut-il que les pays du Vieux continent réussisent leur intégration et coordonner leur politique étrangère.