Pour le Premier ministre Driss Jettou, le Maroc a consenti beaucoup d'efforts en acceptant «une solution politique» qui règle le problème du Sahara dans «le cadre de l'intégrité territoriale» du Royaume. Madrid s'en tient, pour sa part, au «soutien» des efforts du secrétaire général de l'ONU. Lecture. Même si au cours du séjour espagnol du Premier ministre Driss Jettou, on a évité les sujets qui fâchent, Madrid, par la voix du président du gouvernement, José-Maria Aznar a réitéré son appui aux efforts du secrétaire général de l'organisation des Nations Unies pour résoudre le contentieux du Sahara. Et le Maroc a déployé énormément d'efforts pour accepter une solution politique qui règle le problème du Sahara «dans le cadre de l'intégrité territoriale du Royaume». Ces positions ont été réitérées jeudi lors d'une conférence de presse conjointe donnée par le Premier ministre Driss Jettou et son homologue espagnol, José Maria Aznar, à la résidence présidentielle de la réserve Los Quintos de Mora (à 150 km au sud de Madrid) à l'issue de leurs entretiens en tête-à-tête. Et M. Jettou de préciser que la solution de cette question doit être trouvée dans le cadre de la «souveraineté du Maroc sur l'ensemble de son territoire». De son côté, Gustavo de Aristegui, le porte-parole du Parti Populaire (PP), a abondé dans le sens de M. Aznar, en soulignant que la position de l'Espagne sur ce dossier se réfère à la position des Nations unies. En somme, les positions des uns et des autres ne semblent pas avoir tellement changé. Il s'agit de rappeler que vu son statut d'ancienne administration occupante, Madrid a une connaissance très approfondie du dossier du Sahara. Et, à ce titre, l'Espagne, qui maîtrise parfaitement les données historiques, géographiques et humaines du problème, gagnerait à s'impliquer davantage dans le sens d'une prise de position objective. Et qui inciterait Madrid à une prise de position moins ambiguë que celle qu'elle a adoptée jusqu'à présent. Cela dit, nous sommes bien loin de l'attitude à la limite de l'hostilité sur ce dossier. A l'époque, bien des contentieux avaient émergé, ce qui avait débouché sur le rappel par Rabat de l'ambassadeur Abdessalam Baraka pendant quinze mois. S'en est suivi l'épisode de l'Ilot Leila où on a frôlé la catastrophe. Et à la veille duquel Madrid avait rappelé son représentant diplomatique à Rabat. Aujourd'hui, les deux ambassadeurs ont repris leurs postes respectifs, et la tension a baissé de plusieurs crans. La visite de M. Jettou en Espagne est venue confirmer cet état de fait. Reste que vu la légitimité de la position marocaine et la solidité de son dossier, le Maroc est en droit d'attendre une position nettement plus marquée de la part de l'Espagne, co-signataire des accords tripartites de Madrid, le 14 novembre 1975. Et donc pratiquement partie prenante (d'où la nécessitée d'avoir une position tranchée). Les innombrables points d'intérêt commun entre les deux capitales voisines n'en seront que plus renforcés.