Les sans-papiers marocains en Espagne protestent contre le refus de certains municipalités de leur délivrer des certificats de résidence. Le processus de régularisation des sans-papiers marocains trébuche alors qu'il s'approche de la date butoir du 7 mai. Pour rappel et de source consulaire, ce processus de normalisation est la plus importante opération de régulation des immigrés en Espagne avec un objectif de régularisation de 800 mille immigrés dont 100 mille Marocains. Les travailleurs immigrés marocains rateront cette occasion tant attendue pour passer la frontière de l'illégalité. Ce qui leur permettra de s'aligner avec les travailleurs nationaux en termes de droits. « Aucune amélioration dans le déroulement du processus de régularisation n'est perceptible. Nous espérons que le gouvernement prendra en considération nos revendications quant à une application plus flexible du décret d'exécution de la loi sur les étrangers», déclare Mustapha Lamrabet, président de l'Association des travailleurs et immigrés marocains en Espagne (ATIME). Cette inflexibilité concerne l'exigence du certificat de résidence que délivre la municipalité et le contrat de travail. Des centaines de sans-papiers ont organisé des marches de protestation dans ce sens. Selon eux, certaines municipalités ne veulent pas délivrer des certificats de recensement à des immigrés totalisant plusieurs mois de résidence. Même après la récente visite de Nouzha Chekrouni, la ministre déléguée chargée des Marocains résidant à l'étranger et les discussions menées avec son homologue la Secrétaire d'Etat espagnole chargée de l'immigration, Consuelo Rumi, la situation n'est pas prête de se dénouer. Le président de l'ATIME demande au gouvernement espagnol de montrer plus de souplesse en acceptant des documents officiels tels que « la carte sanitaire » ou encore les attestations de licenciement ainsi que toutes les décisions de justice, à défaut d'un certificat de résidence. Quant aux contrats de travail, les employeurs ont disposé de 2 mois (parmi les 3 mois consacrés à cet effet) pour régulariser par un contrat de travail leurs employés sans-papiers. D'autant plus que ces immigrés qui ont été recensés avant le 7 août 2004, n'ont d'antécédents judiciaires ni en Espagne ni dans leur pays d'origine. Certains collectifs d'immigrés ainsi que plusieurs syndicats et associations espagnols de défense des droits de l'homme dénoncent même le chantage pratiqué par quelques entrepreneurs à l'encontre de leurs travailleurs clandestins. Ils parlent de sommes d'argent exigées allant de 2.000 à 5.000 Euros pour l'octroi d'un contrat de travail. Face à ce genre de spéculations, il est clair que le ton ne peut que monter. Cette inflexibilité touche les sans-papiers marocains au même titre que les autres étrangers. Selon le représentant de l'association des immigrés équatoriens et latino-américains : «le décret d'application de la loi sur les étrangers se moque des droits des immigrés. Il s'agit d'un processus qui fait la différence entre travailleurs autochtones et étrangers. L'esprit du gouvernement central génère un climat raciste et xénophobe contre ces travailleurs». La pression qui monte avec l'approche de la date du 7 mai ne peut être maîtrisée que si le gouvernement espagnol change de ton et d'attitudes. La «plus grande opération de normalisation» des clandestins risque de se transformer en «plus grande manifestation d'immigrés» si rien n'est fait.