Dénoncé par Damir Mohamed, alias Abou Al Harite ainsi que par un ressortissant marocain, Bouchaïb Moughdir, vivant en Suède, et arrêté au Maroc, l'avocat Ahmed Filali Azmir est accusé être l'intermédiaire entre les «émirs du sang» de La Salafiya Al Jihadiya et le GIA algérien. Contrairement à ce qui était attendu, aucun nouveau groupe des “takfiristes“impliqués dans les attentats-suicide du 16 mai à Casablanca, n'a été déféré, dimanche après-midi et lundi matin, devant le procureur général près la cour d'appel de Casablanca. En revanche, le juge d'instruction de la deuxième chambre d'instruction de la même Cour, Me Rizk Allah, a repris, lundi matin, l'interrogatoire des deux membres de la Salafiya Al Jihadya, Abdelkébir Goumara et l'avocat du barreau de Casablanca, Ahmed Filali Azmir. Ce dernier est âgé de 60 ans, marié et père de trois enfants. Il est recherché par la PJ de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ pour émission de chèques sans provision. Selon, le dossier de l'affaire, l'avocat mis en cause a été dénoncé par Mohamed Damir, alias Abou Al Harit, membre du groupe de Youssef Fikri. Damir est arrêté dans une spectaculaire opération policière au quartier de Sidi Moumen à Casablanca avec Rabiï Aït Ouzzou, qui a nécessité l'usage des armes à feu et qui a fini par la mort du second et l'arrestation du premier. Me Ahmed Filali a été dénoncé également par Bouchaïb Boughdir, ressortissant marocain en Suède, adeptes du Salafiya Al Jihadiya et marié à une Espagnole, convertie en Islam. Après son arrestation, ce dernier a précisé aux enquêteurs de la BNPJ avoir livré à Ahmed Filali Azmir des bijoux en or, des montres et des lunettes précieuses, ainsi que d'autres articles de valeur que des membres de la Salafiya Al Jihadiya avaient subtilisé en Suède. L'avocat en cause se chargeait de sa liquidation et l'envoi de ses recettes aux éléments du groupe islamiste armé (GIA) algérien. Par ailleurs, Mohamed Damir a expliqué aux enquêteurs qu'il avait été invité, lui et l'Husseïne Berghachi, prêcheur dans une mosquée de Nador, par l'avocat en cause pour assister à des réunions avec des membres de la GIA. Dans ces réunions, précise-t-il, ils échangeaient des idées religieuses et incitaient à «l'interdiction de toute relation avec les autorités publiques» et à «l'assassinat pour bâtir l'Etat musulman». Mohamed Damir et Bouchaïb Moughdir ont affirmé que l'avocat en question a acheté un terrain en le finançant par les recettes des bijoux et articles précieux subtilisés en Suède et liquidés au Maroc. Ce terrain, ajoutent-ils, a été réservé pour la construction d'un local d'habitation nécessaire pour l'accueil des éléments de la GIA et d'un projet commercial. Ils ont ajouté aux enquêteurs que l'avocat en cause avait des relations avec des membres de la Salafiya Al Jihadiya et du GIA algérien. Ils ont cité, entre autres, Rachid Ach'touk, le Libyen, Mustapha, les Algériens, Abou Youssef, alias Abou Moussa, Abou Bilal aljazaîri et Azeddine Abou El Kaâkaâ, Moussa Bakhti et Saïd Sadouk, alias Abou Al Haytam. Certes, l'avocat Ahmed Filali Azmir n'a pas nié sa connaissance des Damir, Boughdir du prêcheur, Berghachi et un certain Jawad. Seulement, il a précisé qu'il a fait leur connaissance par le biais de son beau-frère, Abdelhafid Dib, qui les présentait comme des Marocains séjournant en Suède, à chaque fois qu'il lui rend visite en leur compagnie. Cependant, il a nié avoir la moindre relation avec les groupuscules marocains et algériens ,soit de près, soit de loin. Par ailleurs, il a reconnu avoir acheté un terrain situé près de la plage Zenata et d'une superficie de 300m2. et qu'il l'a financé par son propre argent. L'avocat Ahmed Filali Azmir, impliqué dans l'affaire de La Salafiya Al Jihadiya est né à Tanger. Il a poursuivi ses études primaire et secondaire à Tanger. Après avoir décroché son bac, il a rejoint l'institut de formation des enseignants à Tétouan. Il a été recruté à Casablanca avant de décrocher sa licence en droit privé et laisse tomber l'enseignement pour entamer sa carrière d'avocat. Signalons que le black-out est toujours maintenu à propos des deux affaires qui défraient actuellement la chronique judiciaire, à savoir celle de l'enquête sur les attentats-suicide qui ont secoué Casablanca et celle du réseau du Salafiya Al Jihadiya. Un black-out qui laisse les portes ouvertes devant les rumeurs.