Mahmoud Abbas et Ariel Sharon doivent se rencontrer aujourd'hui pour étudier la feuille de route. Une rencontre qui revêt une importance cruciale compte tenu de à la dégradation constante de la situation au Proche-Orient. Cette réunion est également le prélude à un sommet avec George W. Bush. L'incertitude qui planait, mardi, sur la rencontre des Premiers ministres palestiniens et israéliens, s'est finalement dissipée en milieu de journée. Le report avait été imputé, par la radio publique israélienne, à l'agenda apparemment trop chargé de Mahmoud Abbas, qui aurait reporté la rencontre pour cause de réunions avec des diplomates étrangers. Mais l'intervention du chef de la diplomatie palestinienne, Nabil Châat, a coupé court à ces rumeurs, en déclarant que le rendez-vous entre les deux chefs de gouvernement aurait bel et bien lieu. "Demain, Abou Mazen rencontrera le Premier ministre Sharon et je pense que ce sera une réunion importante car elle donnera le ton", a déclaré Châath à la presse, hier, en marge du forum Euro-Méditerranée en Crèce. Prévue initialement au siège de la présidence du Conseil à Jérusalem, comme ce fut le cas lors du précédent entretien entre les deux hommes le 17 mai dernier, la rencontre Abbas-Sharon aura finalement lieu au domicile du Premier ministre israélien, situé au centre de Jérusalem. Un responsable israélien avait indiqué à la radio publique l'éventualité de la tenue, le 4 ou 5 juin à Aqaba en Jordanie, d'un sommet entre George W. Bush, Abou Mazen et Ariel Sharon, en présence de Abdallah II de Jordanie. La même source avait souligné que c'est aux Américains de fixer la date définitive du sommet, en fonction de l'agenda du président américain. Par ailleurs, dans l'optique d'obtenir le soutien des pays arabes quant à l'application de la feuille de route, ce sommet devrait être talonné par un autre réunissant George W. Bush et le président égyptien, Hosni Moubarak, ainsi que d'autres chefs d'Etats arabes. Concernant le sommet entre Abou Mazen, Sharon et Bush, l'Etat hébreu ne souhaite pas que d'autres représentants étrangers se joignent à cette rencontre, notamment les Européens, pourtant faisant partie du Quartete, artisan de la fameuse feuille de route, avec les Etats-Unis, la Russie et les Nations Unies. Les Européens sont indésirables à ce sommet en raison de leur soutien à Yasser Arafat, que les Etats-Unis et Israël souhaitent isoler, estimant que tout contact avec lui affaiblirait la position de Mahmoud Abbas. Le dernier à avoir fait les frais de cette vision particulière est Dominique de Villepin, ministre français des Affaires étrangères qui, après un entretien avec le chef de l'Autorité palestinienne à Ramallah, a été critiqué par Sharon qui a tout bonnement refusé toute rencontre avec lui. Un comportement qui n'intimide pas outre mesure les diplomates européens. En effet, en visite de quatre jours en Israël, le ministre néo-zélandais des Affaires étrangères, Phil Goff, a été clair à ce sujet. Il a annoncé qu'il projetait de rencontrer Yasser Arafat, en dépit des menaces de boycott proférées par Ariel Sharon, qui a explicitement fait savoir qu'il refuserait de le rencontrer s'il prenait contact avec le chef de l'Autorité palestinienne. "C'est à nous de décider qui nous voyons", avait déclaré Phil Goff. Par ailleurs, en marge du sommet Abbas-Sharon, conseillers politiques et responsables de la sécurité israéliens devaient se rencontrer, mardi soir, pour préparer le sommet qui réunira début juin le président américain George W. Bush et les dirigeants israéliens et palestiniens. Cette réunion préparatoire devait rassembler des membres du bureau d'Ariel Sharon, des représentants des ministères des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi que des membres des services de sécurité et de l'armée.